Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 1.djvu/574

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
562
REVUE DES DEUX MONDES.

avec une si rare fécondité de talens, les dons gracieux du poète aux plus solides qualités de l’esprit.

Les réfutations de ces honorables correspondans furent attaquées de manière à laisser voir de plus en plus l’intention primitive de leurs adversaires. On alla jusqu’à transporter les argumens de M. Saulnier à la tribune législative, où M. Casimir Périer, président du conseil, se prévalut de l’avis de M. Rives, alors ministre des États-Unis en France (séance du 10 mars 1832). Le général Lafayette, qui avait évité de compromettre la légation américaine, se contenta d’exprimer son doute. Il reçut quelque temps après une lettre de M. Rives, qui se plaignait d’avoir été mal compris par M. Casimir Périer, et d’avoir été cité mal à propos par M. Saulnier, double réclamation qu’il le priait de faire connaître à la première occasion. Elle se présente aujourd’hui[1].

Le général Lafayette eut aussi l’idée d’ouvrir dans sa correspondance une nouvelle discussion avec deux amis dont il serait difficile de récuser le témoignage : M. Gallatin, l’un des membres les plus distingués du congrès jusqu’à la présidence de Jefferson et de Madisson, non moins habile ministre des finances à cette époque, plus tard ministre des États-Unis en France, et M. Edward Livingston, célèbre par ses travaux de jurisprudence, secrétaire d’état sous la présidence du général Jackson, c’est-à-dire ministre de l’intérieur et des affaires étrangères, aujourd’hui ministre plénipotentiaire à Paris.

Une lettre de M. Gallatin et des documens officiels, envoyés par le secrétaire d’état avant son départ de Washington, nous ont été

  1. « Surpris comme je le fus, écrivait M. Rives au général Lafayette, de l’usage parlementaire que M. Périer a fait de mon nom, j’ai été extrêmement choqué de me voir cité par M. Saulnier que je n’ai jamais vu et à qui personne n’a pu donner comme de moi, aucune opinion qui justifiât sa citation. Les considérations politiques que ma situation présente m’impose, rendent mon silence moins fâcheux que mon intervention dans cette polémique. Bien entendu que je me réserve le droit de démentir de telles erreurs dans le monde, lorsque l’occasion s’en présentera, et d’espérer que mes amis voudront bien en faire autant. Je ne me rappelle pas si je vous ai dit que j’avais reçu de M. Périer une excuse très positive et très aimable pour avoir employé mon nom dans la chambre. – Versailles, 23 mai 1832.