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Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 1.djvu/587

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ADMINISTRATION FINANCIÈRE.

nos chemins vicinaux, le produit des octrois dans nos villes et d’autres charges qu’on ne peut évaluer à moins de 100 millions ?

Cette addition, probablement au-dessous de la vérité, porterait notre cote moyenne à plus de 34 fr., c’est-à-dire à environ 28 journées de travail (la 13e partie de l’année).

Or, nous avons vu que la cote moyenne des États-Unis ne dépassait pas 5 journées de travail (la 73e partie de l’année), Sous ce rapport, l’impôt américain est à l’impôt français comme 13 à 73.

Il est ridicule de vouloir juger des institutions d’un pays par la cote moyenne de ses impôts. En parcourant, avec le sentiment de défiance qu’on doit apporter en pareille matière, un tableau où M. Adrien Balbi compare les divers revenus et les diverses populations du globe entier, la Chine se présente comme le pays le moins imposé, et le gouvernement anglais comme le plus dispendieux. Assurément, le téméraire entrepreneur de statistique, dont l’insatiable curiosité a essayé de convertir en monnaie française l’impôt des Chinois, ne songeait pas à prendre leur gouvernement pour objet de ses préférences et à reléguer la Grande-Bretagne au dernier rang des nations, soit monarchiques, soit républicaines, barbares ou civilisées.

L’assiette et l’emploi des impôts, leurs diverses influences sur la masse des populations, et sous ce rapport leur évaluation en journées de travail, tels sont les caractères essentiels qui peuvent diriger d’utiles recherches à l’occasion d’un système quelconque de finances.

« La richesse publique et la facilité de contribuer aux charges de l’état, dit M. Gallatin, ne manquent pas de s’accroître au plus haut point sous les gouvernemens qui, s’abstenant de tout pouvoir arbitraire, administrent en vertu de lois égales pour tous, sans favoriser ni opprimer aucune classe particulière de personnes, ni aucune espèce de travail, et assurent une sécurité complète aux individus, à l’industrie, à la propriété. Or, ces avantages se lient au système des taxes qui peuvent être plus ou moins oppressives, partiales, et frapper les sources de l’industrie nationale ; ils dépendent aussi de la manière dont se font les dépenses publiques, soit qu’on les applique à des objets pro-