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ductifs, soit qu’on en abuse pour augmenter le nombre des membres oisifs et improductifs de la société[1]. »

Ce peu de mots résume le débat fort secondaire provoqué par la Revue Britannique, et c’est par là seulement que nous pourrions juger du mérite des gouvernemens dans une comparaison de leurs revenus.

Qu’y a-t-il de vraiment remarquable dans le système financier des États-Unis ? L’extinction de leur dette et l’absence de tout impôt sur les produits de l’agriculture. Ajoutez que la production elle-même en tous les genres n’y est qu’indirectement imposée et toujours également pour toutes les industries, puisque leur loi de douane, source abondante des neuf dixièmes du revenu fédéral, a cessé, grace au bon sens du congrès américain, de protéger les fabriques aux dépens de la masse des consommateurs. N’étant plus qu’un impôt de consommation, c’est-à-dire un moyen de revenu public, cette loi, telle qu’on vient de la réviser, permet à chaque instant de réduire les recettes au niveau des besoins de l’état. La constitution avait bien interdit au congrès la faculté de réglementer à l’intérieur le commerce et l’industrie, mais de fâcheuses interprétations commençaient à prévaloir. Les états favorisés, en revenant au sens rationnel du pacte fédéral, ont enfin renoncé aux privilèges qui les menaçaient soit d’un déchirement, soit des misères ou fausses prospérités, dont les pays soumis, comme la France et l’Angleterre, à des tarifs protecteurs ou prohibitifs, sont de jour en jour accablés. L’heureuse issue de la dernière querelle du sud avec le nord a rétabli entre la liberté politique et la liberté industrielle un accord nécessaire qui assure à ce grand pays un long avenir de pacifiques prospérités. Or, cette crise elle-même a témoigné hautement en faveur des institutions américaines. Quand la cruelle espérance de leurs ennemis épiait une occasion de guerre civile, comment se fait-il en effet que tant de dissensions poussées à l’extrême se soient apaisées sans violence ? C’est que de part et d’autre, on savait que le principe toujours vivant d’une représentation nationale offrait des ressources inépuisables de concilia-

  1. Lettre de M. Gallatin au général Lafayette.