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ADMINISTRATION FINANCIÈRE.

perd de temps en imprudence est ensuite largement compensé par un surcroît de fermeté tranquille.

Voyez comme une division instinctive du travail s’établit à leur insu entre les écoles, les sectes et les partis dévoués à l’œuvre commune. Si les uns s’égarent, en prêchant, sous la forme d’une théocratie hiérarchique ou d’une démocratie dictatoriale, la subversion des intérêts les plus respectables, les autres vont opposer à cette véhémence de fabuleuses conciliations, un système voluptuaire qui promet de rassasier toutes les cupidités et d’ouvrir un plein essor aux passions connues ou inconnues de l’humanité. Les sociétés exclusives sont admirables pour donner à l’idée dont souvent elles se recommandent, une ardeur paradoxale qui enflamme les imaginations et popularise quelquefois ce qu’il y a de plus solitaire en ce monde, les pensées du génie. Cette méthode paraît-elle trop sensuelle ? Elle est combattue par une autre méthode religieuse ou stoïque. Les coalitions révèlent la vue encore confuse d’une association véritable. Chaque secte brisée se divise en de nouvelles nuances, qui préparent les voies de la vérité par leur mouvement, si ce n’est par leurs découvertes.

Ceux-ci abandonnent leur premier pontife pour convenir que le roi des Français est après tout un père suprême fort tolérable, et que le pouvoir, de quelque manière qu’il soit incarné, est un type qu’il faut respecter. On dirait que les prétentions ministérielles vont théoriquement se renforcer de tout ce que ces recrues du saint-simonisme gouvernemental leur apportent d’humeur théocratique. Cette étrange alliance n’est qu’un moyen d’introduire jusque dans les feuilles officielles, telle vue sur les hypothèques ou sur les banques, que le saint-simonisme républicain ne désavouerait pas.

M. de Morogues fait un livre pour démontrer que M. Charles Dupin s’est trompé en célébrant les avantages d’une accumulation quelconque de la richesse publique, et que ce qu’il faut surtout considérer, c’est la répartition plus égale de cette richesse, menacée, selon lui, par des doctrines forcenées de nivellement. M. de Sismondi gémissait aussi, il y a douze ans, sur le sort des populations souffrantes ; mais il fallait peut-être des sectes pour transporter les intentions philantropiques de son livre dans la vie sociale. M. de Morogues subit l’influence des recherches dont il se plaint.