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REVUE. — CHRONIQUE.

rière dont on lui offre les souvenirs. Ce livre curieux et amusant obtient un grand succès.

Nous ne répondrons pas non plus de l’authenticité des Historiettes de Tallemant des Réaux[1], publiées par MM. de Monmerqué, de Châteaugiron et Taschereau, trois infatigables bibliophiles. Selon les éditeurs, ils furent écrits vers la fin de 1657. Au reste, ils ne nous donnent nul détail sur ce Tallemant des Réaux, et ne nous disent pas comment s’est retrouvé son manuscrit. Toutes ces historiettes sont fort libres, hardiment contées, et fort intéressantes. Quelques-unes de ces anecdotes nous montrent sous un jour nouveau quelques personnages historiques, entr’autres Sully et Malherbe. Rien de plus curieux que les détails de la vie de Malherbe recueillis par Tallemant ; rien n’égalait son avarice, son orgueil et son indépendance ; les mots plaisans et les saillies lui venaient en foule. Il avait un frère aîné avec lequel il avait toujours été en procès ; et comme on lui disait un jour que des procès entre des personnes si proches causaient beaucoup de scandale, il répondit : « Et avec qui voulez-vous que j’en aie ? avec les Turcs et les Moscovites avec qui je n’ai rien à partager. » Nous attendrons la seconde partie de ce curieux recueil qu’on nous promet, pour en parler avec plus de détail.


— Nos lecteurs apprendront avec intérêt que M. Dessalines d’Orbigny, naturaliste voyageur du Muséum, dont les journaux ont annoncé récemment le retour d’Amérique, a bien voulu nous promettre la communication de quelques épisodes de son long voyage. Un coup d’œil jeté sur les pays tour à tour visités par ce savant voyageur suffira pour faire apprécier tout ce que cette communication promet de faits neufs en tous genres. Parti de France en 1826, M. d’Orbigny, après une courte relâche à Ténériffe, arriva au Brésil, à Rio-Janeiro dont il visita les environs. Dans les premiers mois de l’année suivante, il se trouvait à Montévidéo, et parcourant toute la province de ce nom jusques sur les bords de l’Uruguay, il arriva à Buenos-Ayres en traversant la Plata. Le haut du Parana, si peu étudié depuis l’anéantissement des missions des jésuites, devait nécessairement appeler son attention : il remonta en conséquence ce fleuve et fut s’établir sur les confins du Paraguay, à Corrientes dont il étudia les productions pendant quinze mois. De retour à Buenos-Ayres, en 1828, M. d’Orbigny partit pour la colonie que la République Argentine a fondée au fort Carmen, sur le Rio-Negro, dans la Patagonie. Six mois d’excursions dans cette région qu’aucun naturaliste n’avait visitée

  1. Un vol.  in-8o, chez Levavasseur, place Vendôme, 16.