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le ciel est fait comme une tente, où va-t-il ?… Eh bien ! figurez-vous que le ciel forme une voûte au-dessus de nos têtes, que cette voûte est divisée en quatre régions, de l’Orient, du Nord, du Midi et de l’Occident. Lorsque le soleil se couche, il ne passe pas sous la terre ; mais, arrivé aux limites du ciel, il court au septentrion ; là, il est caché à nos yeux comme par une sorte de mur, la masse des eaux célestes nous empêchant d’apercevoir sa course ; il longe la région boréale et va gagner l’Orient. Vous demanderez où en est la preuve. Elle est dans l’Ecclésiaste du bienheureux Salomon[1]. » Son explication des jours et des nuits est encore plus curieuse : « Nous savons, mes frères, que le soleil ne s’élève pas toujours des mêmes endroits du ciel. À son lever il s’approche ou s’éloigne du Midi. Approche-t-il du Midi, alors il ne gagne pas les hauteurs du ciel, il le traverse obliquement, et la durée du jour est courte. Mais comme il se couche au point extrême de l’Occident, il doit parcourir pendant la nuit tout l’Occident, tout le Nord et tout l’Orient : la nuit est donc nécessairement fort longue. Lorsqu’il se lève au point milieu de l’Orient, il y a égalité dans la longueur du chemin, le jour et la nuit sont égaux : s’approchant toujours du Nord, quand il est arrivé au point extrême, il s’élève dans le ciel, et le jour est long ; et comme il a pendant la nuit un petit espace à parcourir, la nuit est courte. Cette doctrine, ajoute-t-il, ce ne sont point les Grecs qui nous l’apprennent, car ils veulent que le soleil et les astres passent sous la terre, c’est l’Écriture, notre divin maître, qui nous instruit de ces choses, qui éclaire notre esprit. »

La théorie de Cosmas, qui nous paraît si extravagante, tire encore son origine de la philosophie grecque. Il s’appuie lui-même de l’autorité de Xénophane et d’Éphore. Pour le dernier, nous ignorons si la citation est juste ; mais on n’en saurait douter pour Xénophane, et même il pouvait y ajouter Anaximène.

Xénophane et Anaximène furent aussi embarrassés que l’avaient été Thalès et Anaximandre pour comprendre la suspension de la

  1. De creat. Mundi, ap. Combef. in Bibl. gr. Patr. Auct. p. 236, D, 237, A.