rant rapidement ses phases, Mme de Flahaut quitta Paris et la France après le 2 septembre. M. de Flahaut, emprisonné, fut bientôt victime. À force d’or et de diamans, prodigués par la famille et les amis du dehors à l’un des geôliers, il était parvenu à s’évader et vivait dans une cachette sûre. Mais quelqu’un raconta devant lui que son avocat venait d’être arrêté comme soupçonné de lui donner asile ; M. de Flahaut, pour justifier l’innocent, quitta sa retraite dès six heures du matin, et se rendit à la Commune où il se dénonça lui-même ; il fut peu de jours après guillotiné. Robespierre mort, Mme de Flahaut partit d’Angleterre avec son fils, et vint en Suisse, espérant déjà rentrer en France ; mais les obstacles n’étaient pas levés. Rôdant toujours autour de cette France interdite, elle séjourna encore à Hambourg, et c’est dans cette ville que la renommée, désormais attachée à son nom par Adèle de Sénange, noua sa première connaissance avec M. de Souza, qu’elle épousa plus tard, vers 1802. Elle avait publié dans cet intervalle Émilie et Alphonse en 1799, Charles et Marie en 1801.
Charles et Marie est un gracieux et touchant petit roman anglais, un peu dans le goût de Miss Burney. Le paysage de parcs et d’élégans cottages, les mœurs, les ridicules des ladies chasseresses ou savantes, la sentimentalité languissante et pure des amans, y composent un tableau achevé qui marque combien ce séjour en Angleterre a inspiré naïvement l’auteur. Un critique ingénieux, et certes compétent en fait de délicatesse, M. Patin, dans un jugement qu’il a porté sur Mme de Souza, préfère ce joli roman de Charles et Marie à tous les autres. Pour moi, je l’aime, mais sans la même prédilection. Il y a, si je l’ose dire, comme dans les romans de Miss Burney, une trop grande profusion de tons vagues, doux jusqu’à la mollesse, pâles et blondissans. Mme de Souza dessine d’ordinaire davantage, et ses couleurs sont plus variées. C’est dans Charles et Marie que se trouve ce mot ingénieux, souvent cité : « Les défauts dont on a la prétention ressemblent à la laideur parée ; on les voit dans tout leur jour. »
Si le voyage en Angleterre, le ciel et la verdure de cette contrée jetèrent une teinte lactée, vaporeuse, sur ce roman de Charles et Marie, on trouve dans celui d’Eugénie et Mathilde, qui parut seu-