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tions générales sur les mœurs et le caractère des habitans des États-Unis, chapitre où l’auteur se trouve, pour le fond des idées, d’accord avec mistress Trollope, mais avec moins de causticité et plus de sympathie pour les Américains.

Nous répétons que, plus tard, nous reviendrons sur la plupart de ces ouvrages. Cette fois nous nous bornerons à jeter un coup d’œil sur deux qui nous touchent de plus près, le Voyage dans la régence d’Alger par M. Rozet, et celui de la Favorite autour du monde sous les ordres de M. Laplace.

Depuis l’occupation d’Alger par notre armée, on a beaucoup écrit sur ce pays, et les discussions assez vives qui ont eu lieu sur le meilleur moyen de le coloniser, si elles n’ont pas encore décidé la question, ont du moins servi à nous donner des notions étendues sur le sol, les productions, les mœurs des habitans, etc. L’ouvrage de M. Rozet n’arrive pas moins à temps ; il peut tenir lieu de tout ce qu’ont dit ses devanciers, dont il confirme les assertions dans ce qu’elles ont d’exact, et qu’il redresse lorsqu’elles sont erronées. À la manière réfléchie dont il a été fait, il est à regretter qu’il embrasse une si petite étendue de pays. L’espace, en effet, n’est pas très considérable : à l’est le cap Matifou qui est aux portes de la ville ; au sud Medeyah, et à l’ouest Oran où l’auteur s’est rendu par mer. M. Rozet n’a vu, en un mot, que le terrain qu’ont parcouru nos soldats.

Nous passons sous silence le premier volume, consacré tout entier à la description physique du pays ; un coup d’œil jeté sur une carte en apprendra plus au lecteur que tout ce que nous pourrions en dire. Le second contient l’histoire détaillée des diverses races d’hommes qui habitent la Régence, en prenant le mot race, non dans le sens rigoureux qu’il a dans le langage scientifique, mais en entendant par là des groupes d’individus dont les caractères physiques, les mœurs et les usages diffèrent assez pour que cette différence puisse être saisie au premier aspect. M. Rozet reconnaît sept de ces races qu’il classe suivant leur ancienneté dans le pays ; ce sont les Berbères, les Maures, les Nègres, les Arabes, les Juifs, les Turcs et les Koulouglis.

Les Berbères ou Kbaïles (Cabyles) sont les anciens Numides dont les mœurs, décrites par Salluste, sont encore aujourd’hui ce