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LETTRES
D’UN
VOYAGEUR.


Venise, 1er  mai 1834.


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........J’étais arrivé à Bassano à neuf heures du soir, par un temps froid et humide. Je m’étais couché triste et fatigué après avoir donné silencieusement une poignée de main à mon compagnon de voyage. Je m’éveillai avec le lever du soleil, et je vis, de ma fenêtre, s’élever, dans l’air vif et bleu, les créneaux enveloppés de lierre de l’antique forteresse qui domine la vallée. Je sortis aussitôt pour en faire le tour et pour m’assurer de la beauté du temps.

Je n’eus pas fait cent pas que je trouvai notre ami assis sur une pierre et fumant une pipe de caroubier de sept pieds de long qu’il venait de payer huit sous à un paysan. Il était si joyeux de son emplète, et tellement perdu dans les nuées de son tabac, qu’il eut bien de la peine à m’apercevoir. Quand il eut chassé de sa bouche le dernier tourbillon de fumée qu’il put arracher à ce qu’il appelait