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Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 2.djvu/682

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REVUE DES DEUX MONDES.

« Ce n’est pas, dit-il, par les armes des soldats ou par les ressources des agens de police, que les troubles et les insurrections du peuple peuvent être comprimés ; mais en faisant aux chefs les concessions qu’ils réclament pour les Irlandais. » Du reste, les paysans insurgés savaient bien que, tandis qu’on les accusait, c’était, par le fait, sur eux et sur la terreur qu’inspiraient leurs déprédations, que reposaient toutes les espérances d’O’Connell, et la réalisation la plus puissante de ses projets. Les services de ces insurgens sont applicables à mille circonstances, lorsqu’il s’agit d’obtenir une concession politique (comme en 1832, par exemple, lors de l’abolition de la dîme). Alors le meurtre et l’incendie reçoivent des encouragemens indirects de ceux qui affectent de les condamner. Les coupables dont la violence et les excès sont réprouvés par O’Connell, se trouvent-ils au pouvoir de la loi, c’est alors qu’on voit intervenir O’Connell. Il est leur ami. Il les disculpe dans le sénat ; il sollicite pour eux à Dublin ; il les défend devant les tribunaux. Aussi le regardent-ils dans toutes les affaires possibles comme leur véritable protecteur. Le portrait d’O’Connell, leur libérateur, orne toutes les enseignes ; son nom se mêle à celui de Dieu dans leurs bouches, lorsqu’ils profèrent un serment. O’Connell est leur avocat universel ; c’est le Mercure protecteur de toute la population irlandaise qui se livre aux désordres et aux troubles. Son influence s’étend même jusqu’aux prêtres et aux catholiques riches qui sont la base la plus solide de sa puissance extraordinaire. O’Connell est le roi du peuple.

L’association catholique, organisée par ses soins pour réprimer les désordres, est en apparence active et travailleuse, au point d’avoir créé des officiers nommés dans son sein avec le titre et les fonctions de conservateurs de la paix publique. L’association déclara hautement, lors de cette institution, que les officiers nouvellement créés auraient un pouvoir et une salutaire influence que les armes et la loi n’avaient jamais pu obtenir. Adroit stratagème pour exagérer aux yeux de l’Angleterre la puissance de l’association. Pendant l’espace de deux ans que dura cette association catholique, on n’eut pas occasion d’observer une augmentation réelle de paix et de bonheur.

Du reste, on peut juger de l’extension et du pouvoir de cette as-