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LEIPZIG ET LA LIBRAIRIE ALLEMANDE.

Maintenant la librairie allemande s’est jetée, avec la librairie française, sur un nouveau terrain avec les Pefny-Magazine, qui, par l’instruction primaire répandue dans les basses classes, obtiennent encore plus de succès que chez nous. Est venu d’abord le Pefny-Magazine, de M. Bossange, qui a gagné en peu de temps 60,000 abonnés, et dont on fait une seconde édition pour la Pologne ; puis le Musée des familles, traduit en allemand par le libraire Peeters ; puis le Heller-Magazine, de Baumgartner, et à Berlin, et à Prague, et partout, des publications périodiques à bas prix, qui, si elles duraient, pourraient bouleverser en Allemagne tous les rangs inférieurs de la librairie, et rétrécir de beaucoup les catalogues des livres semestriels.

Sans doute on ne saurait trop encourager ce genre de publications qui peuvent exercer une heureuse influence sur les masses, lorsqu’elles sont vraiment faites dans leur intérêt. Mais on commence à apprécier à leur juste valeur ces spéculations prétendues bon marché, qui coûtent beaucoup plus cher que les ouvrages faits avec talent et conscience, deux choses qui manquent essentiellement à ces sortes d’entreprises, que nos journaux quotidiens colportent avec une complaisance qu’ils n’accordent pas toujours au vrai mérite. Déjà la plupart chez nous menacent ruine, et, si on en excepte le Magasin pittoresque et l’Encyclopédie à 2 sous, qui sont dirigés dans une voie estimable par des hommes distingués, le reste ne survivra guère à la fièvre du moment.

X. Marmier.