Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 3.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
128
REVUE DES DEUX MONDES.

qu’en créant une monarchie plus populaire, non pas seulement que la royauté citoyenne, mais encore que la république. Cette utopie n’est peut-être pas réalisable, mais elle est généreuse, et elle portera quelques fruits. La nuance qui l’a conçue se trouvera souvent sur le terrain de l’opposition, comme elle s’est trouvée près d’elle dans les élections ; des efforts communs qui seront faits dans un but différent sortiront quelquefois des résultats utiles. Cette fusion momentanée sera toujours dans l’intérêt des améliorations, et le pouvoir, comprimé qu’il sera par ces deux oppositions, dépassé, assailli de réclamations et de nécessités de tout genre, se verra un jour forcé de s’unir ouvertement au parti rétrograde ou de passer dans les rangs du parti national. Dans tous les cas, il lui faudra mettre fin à ce système de rouerie qui consiste à ameuter les partis les uns contre les autres, à pêcher en eau trouble, et à s’engraisser à la faveur des haines et des discordes qu’il entretient.

La troisième nuance légitimiste de la chambre, qu’on pourrait nommer la seconde, et que représentent M. de Lamartine et quelques autres, a pris pour bannière les améliorations matérielles ; mais il se pourrait que ce ne fût là qu’une bannière : peut-être un jour sera-t-elle appelée à jouer le rôle du parti Agier, en faveur d’une des fractions légitimistes que nous venons d’indiquer. Par une singularité remarquable, M. Agier, élu à Parthenay, figurera peut-être dans ce parti.

L’opposition libérale se divise aussi en plusieurs nuances bien marquées, qui répondent assez fidèlement à celles que nous avons montrées. Nous les esquisserons plus tard, ainsi que l’ensemble de la nouvelle chambre. On verra qu’elle n’est pas aussi complètement dévolue au pouvoir qu’on pourrait le penser, et que rien n’était plus sensé que l’anxiété du haut et suprême personnage, qui, loin de partager la joie de ses partisans, s’écriait le 22 juin, avec douleur : « Je répondrais d’un règne de vingt ans, si j’avais eu seulement quinze jours de plus pour travailler les élections ! » Mais ces quinze jours ont manqué, et à cette habileté à laquelle nous rendons hommage, se joindrait celle de M. de Villèle, qu’on ne pourrait se refuser encore bien long-temps à éluder des promesses que la nation s’apprête à réclamer avec une énergie qui n’admettra ni détours ni ruses.

Nous ne parlerons point de la chambre des pairs qui ne change pas, et qui ne se recrute que des fruits pourris tombés de l’arbre ministériel, vastes et silencieuses gémonies formées de tous les cadavres des centres, restés sur les champs de bataille parlementaires. Mais si la chambre des pairs ne donne pas signe de vie, en revanche la cour des pairs fait beaucoup parler d’elle. C’est un curieux spectacle qu’offre celui de cette chambre ardente, de ce tribunal étoilé, au milieu du repos, de la paix et de l’in-