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Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 3.djvu/438

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REVUE DES DEUX MONDES.

passions de sa jeunesse. Il mourut vénéré comme un saint, même par ceux qui avaient connu ses premiers déportemens. Sur son lit de mort, il demanda comme une grâce qu’on l’enterrât sous le seuil de l’église, afin que chacun le foulât aux pieds. Il voulut encore que sur son tombeau on gravât cette inscription : Ci gît le pire homme qui fut au monde. Mais on ne jugea pas à propos d’exécuter toutes les dispositions que son excessive humilité lui avait dictées. Il fut enseveli auprès du maître-autel de la chapelle qu’il avait fondée. On consentit, il est vrai, à graver sur la pierre qui couvre sa dépouille mortelle l’inscription qu’il avait composée ; mais on y ajouta un récit et un éloge de sa conversion. Son hôpital, et surtout la chapelle où il est enterré, sont visités par tous les étrangers qui passent à Séville. Murillo a décoré la chapelle de plusieurs de ses chefs-d’œuvre. Le Retour de l’Enfant prodigue et la Piscine de Jéricho, qu’on admire maintenant dans la galerie de M. le maréchal Soult, ornaient autrefois les murailles de l’hôpital de la Charité.

Prosper Mérimée.