Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 3.djvu/527

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
523
LES EXCENTRIQUES.

§. ix.
Transambule.


Je cherchais un mot nouveau.

Je remercie M. Fourier, auteur de l’Association agricole et domestique en deux volumes in-8o, de m’avoir fourni cette excellente expression : — transambule, — Qu’est-ce que — transition — passage — auprès de transambule ???

Maintenant, lecteur, suivez-moi si vous l’osez, à travers ces singularités humaines, que Wordem m’expliquait complaisamment. Et d’abord :

§. x.
Les femmes élevées à la brochette.


Love’s labour lost.
(Shaksp.)


Vous vous souvenez d’un livre qui vous amusait et vous intéressait dans votre jeune âge, une espèce de Robinson Crusoé secondaire. Je veux parler de Sandfort et Merton. Le bon Thomas Day, auteur du livre européen que je viens de citer, excellent homme, original s’il en fut jamais, pensa un jour que le meilleur moyen d’avoir une bonne femme, c’était de l’élever pour son propre compte. Le voilà qui choisit deux petites filles dans une école de charité, qui les prend jolies, demande des renseignemens sur leur intellectualité, paie le prix convenable, et emmène les petites filles chez lui, décidé à épouser plus tard celle qui lui plaira le mieux. L’expérience réussit merveilleusement bien. Lucretia et Sabrina (il les avait ainsi baptisées) grandirent sous ses auspices, prospérèrent sous sa loi, répondirent aux désirs et aux efforts du maître, devinrent belles et même sages ; ce furent d’excellentes épouses, — qui toutes deux devinrent bonnes mères, — hélas ! mais non pas au profit de Thomas Day, qu’elles refusèrent, les ingrates ! Il avait quarante ans.

Il recommença l’expérience. Camille et Vesperie imitèrent l’exemple de Sabrina et de Lucrèce. Ô théoristes, faites bien attention, et n’imitez pas Thomas Day !