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UN
SPECTACLE

DANS UN FAUTEUIL,


DE M. ALFRED DE MUSSET.

À mesure que les essais tentés par l’art romantique, pour recomposer et enflammer la langue à une fonte nouvelle, ont été accueillis par les intelligences souveraines, et généralement accrédités, la critique, qui s’était d’abord débattue avec l’art dans le cercle de la grammaire, s’est tournée, comme lui, vers les qualités plus essentielles de la poésie. Après avoir posé la question de la versification, de la forme, du style, elle a demandé compte aux novateurs de leur pensée, de leur ame, de leur invention. Il faut même rendre cette justice à l’art romantique qu’il ne voulut jamais borner sa révolution aux réformes préliminaires de la langue, qu’il résolut de tout temps de joindre les innovations intérieures au renouvellement des surfaces, et qu’ayant à peine refait l’œuvre de Ronsard, il se promit de surpasser la gloire de Corneille. C’était peut-être avoir une ambition trop haute. Et les faiseurs de belles et grandes odes, qui ont tout à coup dilaté leur inspiration dans les vastes enceintes de nos théâtres, s’indignent de n’y avoir pas trouvé les acclamations qu’ils s’étaient prophétisées.