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REVUE DES DEUX MONDES.

tu as refusé de faire un tour de jardin, parce que tu voyais en moi un mari dont tu ne voulais pas. Reste ici quelques jours ; laisse-moi espérer que notre vie passée n’est pas morte à jamais dans ton cœur.

CAMILLE.

Je suis obligée de partir.

PERDICAN.

Pourquoi ?

CAMILLE.

C’est mon secret.

PERDICAN.

En aimes-tu un autre que moi ?

CAMILLE.

Non ; mais je veux partir.

PERDICAN.

Irrévocablement ?

CAMILLE.

Oui, irrévocablement.

PERDICAN.

Eh bien ! adieu. J’aurais voulu m’asseoir avec toi sous les marronniers du petit bois, et causer de bonne amitié une heure ou deux. Mais si cela te déplaît, n’en parlons plus ; adieu, mon enfant.

(Il sort.)
CAMILLE, à dame Pluche qui entre.

Dame Pluche, tout est-il prêt ? Partirons-nous demain ? Mon tuteur a-t-il fini ses comptes ?

DAME PLUCHE.

Oui, chère colombe sans tache. Le baron m’a traitée de pécore hier soir, et je suis enchantée de partir.

CAMILLE.

Tenez ; voilà un mot d’écrit que vous porterez avant dîner, de ma part, à mon cousin Perdican.

DAME PLUCHE.

Seigneur mon Dieu ! est-ce possible ? Vous écrivez un billet à un homme !

CAMILLE.

Ne dois-je pas être sa femme ? Je puis bien écrire à mon fiancé.

DAME PLUCHE.

Le seigneur Perdican sort d’ici. Que pouvez-vous lui écrire ? Votre fiancé, miséricorde ! Serait-il vrai que vous oubliez Jésus ?

CAMILLE.

Faites ce que je vous dis, et disposez tout pour notre départ.

(Elles sortent.)