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Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 3.djvu/637

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DE L’INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE EN FRANCE.

grand pour mériter une réclamation bien vive ; car il ne s’aperçoit pas que le mal est dans le principe, qui pèse par une réunion de plusieurs petits dommages partiels, et que la masse de ces dommages vient renchérir la production, dont, à son tour, il s’occupe. Il vaudrait mieux, pour lui, ne pas être protégé et ne pas subir la protection accordée aux autres. Les prohibitions absolues surtout ont fait d’autant plus de mal, que l’industrie française n’avait pas le moyen de mesurer l’espace qui la séparait de l’industrie étrangère.

Quoi qu’il en soit, nous devons rendre justice aux efforts et à la persévérance des industriels français. En dépit des causes puissantes qui les entravent, on doit reconnaître que les progrès ont été grands depuis l’exposition de 1827. Deux mauvaises années, celle de la crise commerciale et celle du choléra, sont comprises dans cette période. Beaucoup d’honorables existences ont succombé dans une lutte vive et terrible ; mais la fortune du pays a surnagé. On a compris, dans quelques branches, que la prohibition ne défendait pas contre la contrebande, et encore moins contre la concurrence intérieure. On s’est alors adressé à l’intelligence, à l’introduction des moyens perfectionnés, à la réduction de tout ce qu’il a été possible de diminuer dans les frais de production, et par l’abaissement des prix on a créé une augmentation réelle dans le nombre des consommateurs. Il est à déplorer que ces améliorations aient été encore généralement trop faibles pour nous faire prévaloir sur les marchés étrangers et accroître la masse de nos exportations. Il faut donc briser de nouvelles entraves et entrer plus largement qu’on ne l’a fait dans la voie de l’affranchissement commercial. Il faut interroger les besoins des autres peuples, honorer celui qui ouvre une nouvelle route de déplacement commercial, car il est aussi utile que celui qui nous dote d’un produit nouveau.

Nous appartenons à Paris, à une société qui a fait beaucoup de choses bonnes et utiles, sous le titre de Société d’encouragement pour l’industrie nationale, et nous nous sommes souvent émerveillé de voir qu’attentive à récompenser celui qui établissait à grands frais, à l’aide de quelque protection douanière, un produit que nous recevions précédemment de l’étranger, elle n’ait jamais détourné ses faveurs sur celui qui aurait procuré le placement à l’étranger de quelque article français. La grande phrase, la phrase obligée dans toutes ses solennités, et qui était encore, il y a peu de jours, répétée devant nous, est l’affranchissement du tribut payé à l’étranger. On est beaucoup plus occupé de ne rien recevoir des autres nations que de leur vendre, et cependant cette société a au nombre de ses comités un comité de commerce, dont l’existence, il est vrai, ne se révèle nulle autre part que sur le tableau des membres qui le composent.