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Que l’on ne voie point dans les réflexions qui précèdent l’empreinte d’un esprit chagrin, qui demande ce que chacun regarde comme impossible à obtenir. C’est notre conviction qu’il dépend du gouvernement, par un bon emploi des moyens qui sont à sa disposition, de rendre de grands services à l’industrie française, en s’enquérant des débouchés qu’elle doit solliciter, en abolissant les droits des matières premières, réduisant les taxes de consommation, et remplaçant par une protection modérée les prohibitions absolues. Les vaines terreurs de cette dernière mesure se dissiperaient bien vite, remplacées par l’excitation d’une concurrence extérieure éventuelle, placée à une distance assez grande pour ne pas être dangereuse.

Une hardiesse moins grande, et dont la portée eût été immense, c’est l’introduction à l’exposition, et dans un local particulier, des produits de l’industrie étrangère, avec des notes sur leur destination. Là, en outre de l’enseignement que la généralité des fabricans français y eût puisé, nous aurions pu juger que les articles dans lesquels nous sommes restés les plus arriérés sont justement ceux qui, prohibés dans leurs analogues, sont par leur volume, leur poids, leur valeur, le mieux défendus contre la contrebande. Ainsi la poterie, la quincaillerie, la coutellerie, valent d’autant moins en France, que l’on n’a pas le moyen de les comparer à celles de l’étranger.

Un coup d’œil rapide sur les principales branches de l’exposition servira de complément à nos pensées.


Considéré sous un point de vue philosophique, le travail tout entier de la société, ou l’ensemble des opérations qui, dans la vue d’une application à nos besoins, modifie et change la forme des objets pour la création de nouveaux produits, mérite le nom d’industrie. La science agricole, les arts manufacturiers, le commerce de déplacement, sont dirigés par les mêmes principes économiques, et leur exploitation repose sur des bases semblables. Tous emploient comme moteurs ou comme agens destinés à suppléer soit à l’insuffisance de la force humaine, soit à l’inhabileté des organes dont la nature nous a pourvus, des instrumens plus ou moins perfectionnés. Ces instrumens reçoivent le nom d’outils, quand leur impulsion peut provenir d’une main isolée, capable à elle seule de les mettre en œuvre, et celui de machines, quand leur ensemble offre une combinaison de forces diverses, surveillée ou mise en action par une ou plusieurs intelligences.

Les machines sont des produits d’une importance d’autant plus grande que la perfection à laquelle elles peuvent atteindre détermine et facilite la création de tous les autres produits du travail de la société. L’on ne s’é-