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DE L’INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE EN FRANCE.

qu’en dépit de nos lois prohibitives, la fraude a été assez heureuse pour faire pénétrer en France une quantité assez grande de châles de l’Inde. Sans cela, privée de modèles variés, l’émulation de nos fabricans n’eût pas reçu l’excitation nécessaire, et nous en serions encore aux châles mérinos et aux bourres de soie.

La filature du duvet de cachemire est arrivée à un point de perfection auquel nous regrettons de voir que la laine n’ait pu encore atteindre comparativement au degré de finesse des deux matières, ceci au moins à un petit nombre d’exceptions près. Ce duvet, ainsi filé, sert à confectionner des étoffes admirables qui, sous des noms divers, ont embelli l’exposition de 1834, ainsi que les châles les plus beaux. Mais cette industrie des châles, variée dans ses procédés et dans les matières qu’elle emploie, a envoyé à l’exposition de nombreux échantillons, sur chacun desquels nous dirons quelques mots.

Les premiers, entre tous, sont les châles cachemires, façon de l’Inde, tissus avec le duvet de cachemire, et dont le travail, nommé espoulinage, est le même que celui de l’ouvrier indien. Les nombreux fils qui forment les dessins, n’étant point découpés à l’envers, assurent la solidité de ces châles, et la perfection avec laquelle les dessins originaux sont copiés ne laisse, tout-à-l’heure, que le haut prix du châle indien pour type de différence.

Les châles cachemires français qui rivalisent avec les précédens pour l’apparence extérieure, sont faits au lancé, et les fils, qui forment les nuances, découpés au revers. Ils sont par conséquent moins solides que les précédens, bien que formés de la même matière.

La fabrique de Paris seule fournit les châles de cachemire et aussi les plus beaux des châles, nommés improprement indous, dont la chaîne en bourre de soie, offrant à l’ouvrier plus de résistance et de force, permet un travail plus expéditif. Fabriqués sur le procédé des cachemires français, ils en ont toute l’apparence et peuvent se donner à un prix inférieur. La fabrique de Lyon concourt avec celle de Paris pour cette espèce de tissu.

La fabrique de Lyon a donné le nom impropre de châles du Thibet à un tissu dont la chaîne est en fil très fort nommé fantaisie, et la trame en bourre de soie à laquelle on ajoute souvent la laine, le coton, même le duvet de cachemire. Cette fabrication offre des produits de valeurs très diverses, et la fabrique de Nîmes s’est distinguée par ses châles à bas prix.

Les châles imprimés, tissus légers et élégans en cachemire, en mérinos et en soie, font honneur par leur variété, leur bon goût et leur bas prix, aux fabriques de Paris, de Lyon, de Nîmes, de Vizille, etc. Paris encore