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REVUE DES DEUX MONDES.

je dois cette disgrace ; ô sainte université de Paris ! on me traite d’ivrogne ! Je suis perdu si je ne saisis une lettre, et si je ne prouve au baron que sa nièce a une correspondance. Je l’ai vue ce matin écrire à son bureau. Patience ! voici du nouveau.

(Passe dame Pluche portant une lettre.)
MAÎTRE BLAZIUS.

Pluche, donnez-moi cette lettre.

DAME PLUCHE.

Que signifie cela ? C’est une lettre de ma maîtresse que je vais mettre à la poste au village.

MAÎTRE BLAZIUS.

Donnez-la-moi, ou vous êtes morte.

DAME PLUCHE.

Moi, morte ! morte ! Marie, Jésus, vierge et martyr !

MAÎTRE BLAZIUS.

Oui, morte, Pluche ; donnez-moi ce papier.

(Ils se battent ; entre Perdican.)
PERDICAN.

Qu’y a-t-il ? Que faites-vous, Blazius ? Pourquoi violenter cette femme ?

DAME PLUCHE.

Rendez-moi la lettre. Il me l’a prise, seigneur, justice !

MAÎTRE BLAZIUS.

C’est une entremetteuse, seigneur, cette lettre est un billet doux.

DAME PLUCHE.

C’est une lettre de Camille, seigneur, de votre fiancée.

MAÎTRE BLAZIUS.

C’est un billet doux à un gardeur de dindons.

DAME PLUCHE.

Tu en as menti, abbé. Apprends cela de moi.

PERDICAN.

Donnez-moi cette lettre ; je ne comprends rien à votre dispute ; mais en qualité de fiancé de Camille, je m’arroge le droit de la lire.

(Il lit.)


« À la sœur Louise, au couvent de *** »
(À part.)

Quelle maudite curiosité me saisit malgré moi ? Mon cœur bat avec force, et je ne sais ce que j’éprouve. — Retirez-vous, dame Pluche, vous êtes une digne femme, et maître Blazius est un sot. Allez dîner ; je me charge de mettre cette lettre à la poste.

(Sortent maître Blazius et dame Pluche.)