Il me semble que voilà le curé.
C’est le gouverneur en personne.
Oh ! oh ! monsieur le curé, que faites-vous là ?
Moi ! je vais dîner. N’y venez-vous pas ?
Pas aujourd’hui. Hélas ! maître Bridaine, intercédez pour moi ; le baron m’a chassé. J’ai accusé faussement Mlle Camille d’avoir une correspondance secrète, et cependant Dieu m’est témoin que j’ai vu, ou que j’ai cru voir dame Pluche dans la luzerne. Je suis perdu, monsieur le curé.
Que m’apprenez-vous là ?
Hélas ! hélas ! la vérité ! Je suis en disgrâce complète pour avoir volé une bouteille.
Que parlez-vous, messire, de bouteilles volées à propos d’une luzerne et d’une correspondance ?
Je vous supplie de plaider ma cause. Je suis honnête, seigneur Bridaine. Ô digne seigneur Bridaine, je suis votre serviteur.
Ô fortune ! est-ce un rêve ? Je serai donc assis sur toi, ô chaise bienheureuse !
Je vous serai reconnaissant d’écouter mon histoire, et de vouloir bien m’excuser, brave seigneur, cher curé.
Cela m’est impossible, monsieur, il est midi sonné, et je m’en vais dîner. Si le baron se plaint de vous, c’est votre affaire. Je n’intercède point pour un ivrogne. (À part.) Vite, volons à la grille ; et toi, mon ventre, arrondis-toi.
Misérable Pluche ! c’est toi qui paieras pour tous ; oui, c’est toi qui es la cause de ma ruine, femme éhontée, vile entremetteuse. C’est à toi que