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REVUE DES DEUX MONDES.

Suivant toujours de l’œil son doigt qui s’en allait,
Comme sur le chemin fait un serpent qui rampe,
Creusant de longs sillons, aux lueurs de la lampe,
Dans la poussière du feuillet.

Faust ! il passait le jour et puis la nuit entière,
Cherchant à séparer l’ame de la matière.
Il demandait toujours, sans être rebuté,
Quel est ce feu divin, quelle est cette semence
Qui, dans ses moindre jets, nourrit cet arbre immense
Qu’on appelle l’humanité ?

Pâle, il le demandait à Dieu même ; mais comme
Dieu ne dévoile pas ses mystères à l’homme,
Alors il recourait à des livres anciens,
S’y plongeait, aspirant de toute sa poitrine
La poudre du volume et la folle doctrine
De quelques vieux magiciens.

Ah ! pauvre docteur Faust, de plus en plus avide !
Et son cerveau pourtant demeurait toujours vide !
Ce qu’il y mettait hier s’en allait aujourd’hui.
« Quel est donc, disait-il, ce feu qui vivifie ? »
Et la religion, l’art, la philosophie,
Tout cela se raillait de lui.

Enfin, voyant un jour que les sciences vaines,
Au mal terrible et lent qui coulait dans ses veines,
À l’implacable feu dont il se sentait plein,
Ne pouvait apporter ni baume, ni remède :
Le ciel s’y refusant, il choisit un autre aide.
Cet aide fut l’esprit malin…


Hans Werner