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de fois Israël s’arma de toute sa puissance contre quelques tribus de Philistins qui jamais ne furent entièrement soumises ! Il a fallu à ces Philistins un puissant génie pour résister si long-temps à une nation vingt fois plus nombreuse et plus riche que la leur. Il est curieux de voir comment une poignée d’hommes dictait quelquefois à tout Israël des traités humilians. Les Philistins étaient parvenus à désarmer les Hébreux, à leur défendre de travailler le fer et l’acier, à les forcer de venir acheter dans leurs villes les instrumens les plus indispensables pour le commerce et le labourage ; on y venait de tous les lieux de la Palestine, même pour faire aiguiser le soc des charrues. C’était une véritable servitude. Les documens nous manquent pour déterminer quel fut le destin suprême des Philistins. On peut présumer que les cinq satrapies philistéennes ne s’effacèrent que sous le coup de l’invasion romaine. En voyant les différentes races arabes répandues dans les cantons méridionaux de la Palestine, j’ai pensé quelquefois qu’il doit y avoir là quelques restes des anciens Philistins ; il est rare, il est difficile qu’une race puisse entièrement disparaître : les familles humaines durent toujours plus long-temps que les cités.

Gaza, au moyen-âge, a des souvenirs qui se rattachent à l’histoire des croisades. Vers le milieu du xiie siècle, la ville était renversée et sans habitans ; en 1148, Beaudouin iii s’occupa de la rebâtir pour opposer de nouvelles barrières aux courses des Ascalonites ; Guillaume de Tyr raconte qu’on trouva des témoignages de l’antiquité et de la noblesse de Gaza dans ses églises et ses vastes palais tombés en ruines, dans les marbres et les grandes pierres dispersés sur le sol dévasté, dans une quantité de citernes et de puits d’eau vive. Les chrétiens, n’ayant ni le temps ni les forces de reconstruire toute la cité, se contentèrent de relever la portion de Gaza qui est située sur une éminence ; ils jetèrent des fondemens profonds, bâtirent une belle muraille et différentes tours. La cité nouvelle et les terres environnantes furent concédées aux frères du Temple, à condition qu’ils en auraient la garde. Les templiers devinrent pour les Ascalonites des voisins dangereux. Gaza fut une des conquêtes de Saladin, et une des places que le sultan fit démolir à l’approche du roi Richard. Celui-ci releva les murs de Gaza comme il avait relevé ceux de Ramla et d’Ascalon, et choisit cette