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également que Louis-Philippe n’a point oublié l’échec porté à la prérogative royale par une ligue si bien formée, et qui est venue s’imposer à lui. Le joug lui plaît, il est doux, mais tous les accidens qui le lui ont imposé sont restés gravés dans son esprit ; il sent profondément qu’il n’a pas été le maître, et cela le blesse. Il eût peut-être choisi les ministres actuels, mais ces choix se sont faits en dehors de lui, et quand il sait que tout le mouvement est parti de chez M. Bertin de Vaux, que de là sont venus les ministres, les acceptations, les refus ; qu’un homme, un journal, fait et défait les pouvoirs ; toutes ces circonstances blessent son amour-propre. On entoure tout cela sans doute d’un langage de pourpre et d’or, d’obéissance envers la majesté du trône, de fidélité et de dévouement aux institutions ; mais la vérité est là ; le roi sent qu’il y a trois présidences dans cet ordre hiérarchique : celle de M. Bertin de Vaux, celle de la couronne aujourd’hui presque nominale, et celle du maréchal Mortier toute nominale. Je demande à ceux qui connaissent le caractère politique de Louis-Philippe si cet état de choses peut long-temps se prolonger.

Il me reste à mettre ce ministère en présence des chambres. Ce sera l’objet d’un autre article.


Un pair de France.