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HISTOIRE NATURELLE.

Si les expériences que nous avons rapportées prouvent que le jeune coucou travaille presque dès l’instant de sa naissance à jeter hors du nid tout ce qui s’y trouve ; il ne s’ensuit pas nécessairement que ce soin repose uniquement sur lui, et il se pourrait que sa mère vînt l’aider quand il a affaire à trop forte partie. On pensera peut-être qu’une femelle qui ne couve pas son œuf ne peut s’intéresser au petit une fois qu’il est éclos ; cette conclusion serait un peu hasardée ; dans les parties tropicales de l’Afrique, l’autruche ne couve point ses œufs, et ce n’en est pas moins, quoiqu’on die, une mère tendre et dévouée. Il n’y aurait pas non plus d’invraisemblance à supposer que la fauvette, se sentant, au bout de quelques jours, incapable de fournir à tous ses nourrissons une quantité suffisante d’alimens, rejette les plus faibles dans l’espoir de sauver le reste de la couvée. Pour savoir à quoi s’en tenir sur ce sujet, Jenner fit l’expérience suivante. Ayant découvert un nid de friquets où se trouvait un œuf de coucou, il épia le moment où le jeune oiseau sortit de sa coquille, et quatre heures après il le fixa au fond du nid par des liens qui le serraient de manière à ce qu’il ne put se soulever. Cela ne parut nuire en rien au développement de l’oiseau, mais cela fut très favorable à celui des petits friquets, qui ne furent point jetés hors du nid. Pendant cinq jours, ils partagèrent avec l’étranger les soins de leurs parens, qui ne semblaient faire aucune différence entre eux et lui. Aucun coucou, pendant ce temps, ne s’approcha du jeune captif. On ne put continuer jusqu’au bout l’observation, la couvée ayant été dénichée par quelque enfant.

Tout incomplète qu’est cette observation, elle confirme ce qu’on ne faisait jusque-là que soupçonner, à savoir qu’une fois que la femelle a pourvu à la conservation de sa progéniture en la plaçant sous une tutelle convenable, elle ne s’en occupe plus. Lothinger, à la vérité, croyait avoir dans un cas remarqué le contraire. Ayant enlevé du nid un de ces oiseaux, il le plaça à terre à quelque distance du lieu où il l’avait trouvé, et bientôt il entendit un coucou adulte qui semblait répondre par son chant aux cris de détresse du petit. Je n’élève aucun doute sur l’exactitude du fait en lui-même, mais il ne m’est pas prouvé même que les deux oiseaux se répondissent l’un à l’autre. Je ferai remarquer que, puisque