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l’adulte chantait, ce ne pouvait être qu’un mâle, car le cri de la femelle n’est qu’une sorte de gloussement et non un chant ; or, on sait que parmi les oiseaux les seules espèces où le mâle s’occupe des petits, sont celles qui vivent par paires dans la saison des amours : et l’espèce du coucou n’est pas de ce nombre.

« Il est fort douteux, dit Montbeillard, que ces oiseaux s’apparient, ils éprouvent les besoins physiques, mais rien qui ressemble à l’attachement ou au sentiment. Les mâles sont beaucoup plus nombreux que les femelles, et se battent pour elles assez souvent ; mais c’est pour une femelle en général, sans aucun choix, sans nulle prédilection, et lorsqu’ils sont satisfaits, ils s’éloignent et cherchent de nouveaux objets, qu’ils quitteront de même sans les regretter, sans prévoir le produit de toutes ces unions furtives, sans rien faire pour les petits qui en doivent naître ; ils ne s’en occupent pas même après qu’ils sont nés : tant il est vrai que la tendresse mutuelle des père et mère est le fondement de leur affection commune pour leur progéniture. »

Si, comme le dit Montbeillard, qui est en ce point d’accord avec les meilleurs observateurs, il y a beaucoup plus de mâles que de femelles, chacune de celles-ci doit avoir successivement beaucoup d’adorateurs ; dès lors il devient difficile qu’elle s’occupe des soins du ménage, qu’elle ait un attachement bien vif pour le fruit d’une union qui est déjà oubliée ; l’espèce périrait donc si l’inconstante femelle ne trouvait dans le nid des fauvettes une sorte d’hospice des enfans trouvés.

Quelle que soit, au reste, la cause qui détermine la femelle à aller déposer son œuf dans un nid étranger, il reste à savoir comment elle s’y prend pour l’y introduire ; beaucoup de ces nids sont tellement exigus, qu’on ne voit pas comment elle pourrait s’y placer pour pondre ; d’autres, tels que ceux du rouge-gorge ou du pouillot, ont une entrée fort étroite, et par laquelle évidemment elle ne saurait passer. C’est une difficulté à laquelle on ne paraît avoir songé qu’au moment où on en a trouvé la solution.

C’est à Levaillant que sont dues les observations relatives à ce sujet, et elles ont été faites sur une espèce africaine (le coucou doré ou didric), dont le voyageur a étudié avec très grand soin les habitudes.