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REVUE DES DEUX MONDES.

xxxi.

Mais vous savez, lecteur, que j’étais ruiné ;
J’avais encor, je crois, deux écus dans ma bourse ;
C’était, en vérité, mon unique ressource,
La seule goutte d’eau qui restât dans la source,
Le seul verre de vin pour mon prochain dîné ;
Je les tirai bien vite, et je les lui donnai.

xxxii.

Il les prit sans façon, et s’en fut de la sorte.
À quelques jours de là, comme j’étais au lit,
La Fortune, en passant, vint frapper à ma porte.
Je reçus de Paris une somme assez forte,
Et très heureusement, il me vint à l’esprit
De payer l’hôtelier qui m’avait fait crédit.

xxxiii.

Mon marmot cependant se trouvait une fille,
Anglaise de naissance, et de bonne famille.
Or, la veille du jour fixé pour mon départ,
Je vins à rencontrer sa mère, par hasard.
C’était au bal. — Au bal, il faut bien qu’on babille ;
Je fis donc pour le mieux mon métier de bavard.

xxxiv.

Une goutte de lait dans la plaine éthérée
Tomba, dit-on, jadis du haut du firmament.
La nuit, qui sur son char passait en ce moment,
Vit ce pâle sillon sur sa mer azurée,
Et, secouant les plis de sa robe nacrée,
Fit au ruisseau céleste un lit de diamant.