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REVUE LITTÉRAIRE DE L’ALLEMAGNE.

travail du même genre, quoique bien moins complet, devait gêner sa marche, peut-être gauchir ses idées, ou lui faire craindre une solidarité embarrassante. Assez d’occasions de contradictions ou de consonances se présenteront dans le cours de ces analyses, pour que nous évitions celle-ci.

Die deutschen Volkstæmme, etc. (les Races des populations allemandes, par Meidinger. 1 vol. in-8o, Francfort[1].

Voici un livre bien allemand, fait surtout comme on les fait en Allemagne. L’auteur aurait pu tout aussi bien commencer à la page 62, où il trace les limites géographiques de la langue allemande et des langues dérivées : son travail n’aurait même guère été plus incomplet, s’il eut encore supprimé d’autres pages et des matériaux qui n’ont avec son sujet qu’un rapport indirect ; mais un écrivain allemand, pendant ses heures de travail consciencieux et de réflexions solitaires, ne croit pouvoir faire autrement que de traiter tout ce qui se rattache de près ou de loin au thème qu’il a choisi. En poussant ce système à ses dernières conséquences, nous ne sachions pas de livre qui ne pût devenir une encyclopédie, et il faut dire que nous connaissons en Allemagne beaucoup d’ouvrages spéciaux qui tournent à cette forme. Toutes les notions jugées nécessaires sont recueillies, classées, intercalées sous une foule de titres, sections, divisions et subdivisions, en tel nombre, qu’on ne sait où se prendre dans ce pêle-mêle d’ordre méticuleux. C’est vraiment bien la peine de faire, dans les universités, des cours sur la méthodologie de chaque science.

M. Meidinger a donc commencé son travail sur l’origine des tribus germaniques, par déterminer la position de tous les pays où se parle un idiome d’origine germanique, puis il en donne la géographie détaillée, la géologie, la minéralogie, les hauteurs des montagnes, et enfin tout ce qu’on peut trouver déjà dans les petits atlas à l’usage des gymnases et même des realschulen. Il faut enjamber tout ce fatras pour arriver aux hommes, véritable sujet du livre, et quand on en a fini avec ceux-ci, l’on retrouve une masse compacte de citations des auteurs anciens qui ont parlé de la Germanie.

L’ouvrage même de M. Meidinger n’est au fond qu’un rapprochement de citations discutées, appuyées de preuves, ou contrôlées l’une par l’autre. C’est ici que se montre le mérite de l’esprit allemand, et qu’on peut choisir entre les hypothèses de l’auteur et celles des savans qui ont traité

  1. Tous les ouvrages allemands dont il est ici question, se trouvent également à la librairie de Heideloff et Campé, rue Vivienne, no 16.