Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 2.djvu/207

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
201
DE L’ÉCOLE FRANÇAISE.

pour manquer ensemble à l’appel. La décoration des monumens qu’on achève en vertu de la loi des cent millions, occupe, il est vrai, presque exclusivement nos principaux sculpteurs. Le motif qu’on allègue pour excuser leur absence est donc acceptable pour cette fois ; seulement il ne faut pas que ces artistes s’imaginent être devenus trop grands seigneurs pour désormais paraître au salon. Les fonds extraordinaires sont bien près de s’épuiser : à l’encombrement des travaux succédera l’inaction. Heureux alors celui qui de statuaire ne sera pas devenu un entrepreneur de sculpture ! dans ces ouvrages pressés où l’on commande beaucoup plus qu’on n’exécute soi-même, on perd facilement l’habitude du travail, et quand le moment est venu de se rajeunir par une production originale, les sources de l’inspiration sont taries.

Quoique chargé de travaux considérables à l’arc de triomphe de l’Étoile, M. Etex n’a point imité l’exemple de ses collègues ; il ne s’est pas cru dispensé de rappeler son nom au public ; et si l’on doit lui adresser un reproche, c’est d’avoir exposé trop de morceaux à la fois. M. Etex est jeune : sa réputation, très jeune aussi, a besoin de mûrir par de nouveaux succès ; il n’est pas seulement tenu de se soutenir, on doit exiger de lui qu’il marche en avant, et qu’il accomplisse les hautes espérances qui reposent sur son début. Les deux bas-reliefs en marbre de M. Etex sont fort remarqués ; dans l’un il a représenté l’Éducation de Laurent de Médicis et de ses frères, dans l’autre le baiser que Françoise de Rimini donne à son amant après la lecture qui les perdit. Le mérite incontestable de M. Etex dans ses ouvrages, c’est d’avoir observé fidèlement le caractère des époques, de s’être fait moyen-âge, comme on dit, sans renoncer à la grace et à la pureté des formes. Non-seulement la composition de ces bas-reliefs est heureuse, mais encore l’exécution en est conduite dans le vrai sentiment du genre. La Léda, du même statuaire, se recommande par l’unité de galbe et d’aspect. Des trois bustes également en marbre qu’il a exposés, l’enfant me semble le meilleur ; il unit l’élégance à la naïveté. Le reproche qu’on peut adresser à tous ces ouvrages, c’est qu’étant destinés à être vus de près, il eût fallu que le sculpteur les terminât avec un soin plus scrupuleux.

Les deux bustes de M. Dantan aîné, qu’on a déjà vus à l’expo-