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REVUE MUSICALE.


Le Théâtre Italien a fermé ses portes, et la magnifique saison d’hiver qui vient de s’écouler nous semble avoir, mieux encore que les précédentes, démontré l’importance musicale de cette belle entreprise. Ainsi donc, le voilà pour long-temps établi parmi nous, ce théâtre dont on niait tant la vitalité, et qui devait crouler tôt ou tard, parce qu’il repose sur des chefs-d’œuvre, comme si les chefs-d’œuvre ne renaissaient pas d’eux-mêmes, comme s’il en était de Don Juan, du Mariage Secret et de Sémiramis, comme de Brézilia ou de la Tentation, comme si tous les ans, après six mois d’abstinences musicales, lorsque paraît Lablache sur une ritournelle de Cimarosa, ou que Rubini chante il mio tesoro, toutes les ames pouvaient ne pas tressaillir à cette musique toujours nouvelle et toujours admirable. Certes, les chanteurs italiens ont dû être contens du sort qui les attendait cette année à Paris ; le public a salué leur départ avec d’aussi flatteuses acclamations qu’il en avait fait éclater à leur retour. Aux dernières représentations, les couronnes tombaient de toutes parts, et Julie Grisi devait recueillir par soirée autant de fleurs qu’elle donnait de notes. Les corridors étaient convertis en une sorte de jardin, où venaient, comme Ophélie, moissonner toutes celles que la musique rendait folles, et grâce à cet échange, une familiarité charmante s’était établie entre la salle et le théâtre. Le public, en jetant une couronne, demandait une cavatine de plus ; et c’est ainsi que Rubini, affublé de son costume bleu de cavalier et de sa perruque blonde, est venu chanter le bel air du Pirate, et que dans un entr’acte des Puritains nous avons entendu le duo du Mariage Secret admirablement exécuté par Lablache et Tamburini. Le duo du Mariage Secret dans l’entr’acte des Puritains ! Ils sont partis, et maintenant Dieu fasse que les prés deviennent bientôt verts et les arbres touffus !

Aussi bien, à l’heure qu’il est, toute musique s’en va, et tandis que les