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VOYAGE DANS LES RÉGIONS ARCTIQUES.

ment pour le transport de la vapeur ; des ouvertures furent faites dans le pont au-dessus de la cuisine et du four, et nous y plaçâmes des vases en fer, ayant leurs concavités dirigées en bas ; la vapeur était reçue dans ces vases et s’y condensait aussitôt. Nous espérions dans l’origine que nous pourrions l’en retirer convertie en eau, mais nous trouvâmes bientôt qu’elle s’y gelait complètement, de sorte que nous ne pûmes en tirer aucun parti.

« Ce moyen fut un des meilleurs de ceux que nous adoptâmes ; en tenant à sec la chambre de l’équipage, il nous épargna la nécessité de forcer la température comme on l’avait fait en d’autres circonstances, afin de maintenir la vapeur à l’état gazeux jusqu’à ce qu’elle se condensât sur les parois intérieures du pont ; il en résultait en même temps une grande économie de combustible, car nous trouvâmes qu’une température de 40° à 50° (de Fahrenheit) suffisait pour rendre la chambre sèche, chaude et très confortable, tandis que, dans les bâtimens qui nous avaient précédés, il avait fallu l’élever jusqu’à 70°.

« Quant aux autres dispositions que nous adoptâmes, voici en quoi elles consistaient, et je les indique ici afin que ceux qui s’aventureront après nous dans ces régions, acquièrent sans peine l’expérience qui avait été pour nous le fruit de plusieurs voyages successifs. Les hommes couchaient dans des hamacs qui étaient enlevés à six heures du matin, et remis en place à dix heures du soir ; on les aérait deux fois par semaine. L’entrepont, qui servait de plancher, était couvert de sable chaud tous les matins, et gratté jusqu’à huit heures que déjeûnait l’équipage. Le lundi fut choisi par la suite pour laver le linge, qui se séchait près des poëles ; cette opération durait jusqu’à midi. Le pont ayant été recouvert d’une couche de neige de deux pieds et demi d’épaisseur, cette couche fut battue et foulée avec les pieds, jusqu’à ce qu’elle devînt une masse compacte de glace ; elle reçut ensuite une couche de gravier qui lui donna l’apparence d’un chemin sablé. Au-dessus se trouvait le toit mentionné plus haut, dont les bords rejoignaient le mur extérieur de neige, et s’unissaient avec lui de manière à former un abri parfait contre le vent et les impressions du froid du dehors ; sur l’arrière, le toit de la cabine était également couvert de neige ; mais nous ne fermâmes pas le passage qui de la cabine conduisait sur le pont, le froid n’étant pas assez intense pour rendre cette précaution nécessaire ; les portes extérieures furent seulement garnies de poulies et de cordes, afin qu’elles se fermassent d’elles-mêmes.

« Nous trouvâmes que pendant le jour, c’est-à-dire de six heures du matin à neuf heures du soir, la cuisine à vapeur suffisait à la fois pour cuire les alimens et maintenir une température convenable. Pendant la nuit, le four la remplaçait, et chauffait en même temps le sable pour la matinée