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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 2.djvu/659

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LA COMÉDIE AU IVe SIÈCLE.

Jésus-Christ qui a dit que nul ne peut ajouter à sa taille la hauteur d’une coudée[1]. »

Au commencement du ive siècle, Lactance s’élève contre la comédie et la tragédie de son temps, dans des termes qui ne permettent pas de douter qu’on ne représentât encore alors des pièces dans le goût de Térence et d’Euripide. Voici ses paroles :

« Je ne sais s’il y a sur la scène moins de dérèglement que dans les autres spectacles ; car il n’est parlé dans les comédies que de vierges violées et d’amours de courtisanes ; et plus les auteurs de ces pièces criminelles ont d’éloquence, plus ils persuadent ceux qui les écoutent par l’élégance de leurs pensées, et plus aisément leurs vers élégans se gravent dans la mémoire de leurs auditeurs. Il n’y a pas moins à reprendre dans les tragédies où les poètes étalent aux yeux du peuple les parricides et les incestes des mauvais rois, et font montre de tous les crimes grandis par le cothurne (et cothurnata scelera demonstrant)[2]. »

L’an 399 Claudien, faisant l’énumération de tous les genres de spectacles usités de son temps, sans oublier même les feux d’artifices, mentionne expressément la tragédie et la comédie. « Que des plaisirs plus doux aient leur tour ; qu’un bouffon excite le rire par ses saillies joyeuses, un autre par le jeu muet de sa figure et de ses mains ; celui-ci animera la flûte de son souffle, celui-là le luth de son archet ; l’un ébranlera la scène de son brodequin ; l’autre s’avancera majestueusement grandi par le cothurne. »


Non egeat……
… qui pulpita socco
Personat, aut altè graditur majore cothurno[3].


Je pourrais tirer des auteurs de la même époque une foule de passages semblables, mais qui ne prouveraient rien de plus : je m’arrête donc ; je crois seulement utile de transcrire encore le morceau suivant de saint Chrysostôme qui donne de curieux ren-

  1. Cet argument fut répété plus tard contre les souliers à la poulaine.
  2. Institut. div. l. vi, ch. xx.
  3. Consulatus Manlii Theodosi.