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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 2.djvu/690

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dité ; mais il ne donne pas aussi souvent que lui dans les lazzi : il excelle à saisir dans un paysage les lignes grandes et simples, il ne s’arrête pas volontiers à l’achèvement des premiers plans ; mais il ordonne savamment, avec toute la hardiesse d’un maître qui sent sa force et qui se possède, les masses et les tons de ses aquarelles. Il serait difficile de choisir entre celles qu’il a envoyées cette année, car toutes sont composées et rendues avec un égal bonheur. Les dunes, les flots et les navires sont d’une simplicité de style réellement admirable ; l’eau, transparente et profonde, semble se rider sous le vent ; la quille des vaisseaux, agile et rapide, sillonne la mer et trace un lumineux sillage. Il y a plus que du plaisir à contempler les aquarelles de Cophy Fielding ; ce n’est pas, comme il arrive trop souvent, devant des ouvrages de cette nature, une distraction d’un instant ; on y revient avec une curiosité sérieuse, et chaque fois, à mesure que le regard plonge plus avant dans ces cadres dont le fond semble reculer de minute en minute, on s’étonne des moyens employés par l’artiste pour atteindre le but qu’il se proposait. Les teintes étalées sur son papier sont en si petit nombre, la couleur est distribuée avec une telle parcimonie, qu’on se demande comment si peu de chose a pu suffire à produire un tel effet ; éloge rare, et le plus grand peut-être qu’il soit donné au peintre d’obtenir. Ce n’est pas tout d’arriver dans les arts d’imitation, il faut faire le chemin à peu de frais, il faut aller par une voie directe. Or, personne, que je sache, n’apporte dans son travail une économie plus sévère que Cophy Fielding ; personne ne résout plus facilement les plus difficiles problèmes ; ajouterai-je pourtant qu’il lui arrive parfois de ne pas donner à ses premiers plans assez de relief, ni à ses fonds assez de variété ? Lui reprocherai-je, comme à E. Landseer, une prédilection peut-être involontaire pour les tons gris ? Il est assez fort pour défier de pareilles chicanes. Dans les conditions du genre qu’il a choisi, je ne connais pas un peintre qui puisse lui être comparé.

Les scènes espagnoles de Lewis sont délicieuses ; facilité de pinceau, originalité des poses, nouveauté dans les physionomies, rien ne manque à ces ravissantes compositions. La tête d’une jeune femme espagnole, peinte pour le prince royal George de Cambridge, est au nombre des plus idéales figures. L’incarnat des joues,