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DÉBATS SUR LE CHRISTIANISME.

le principe de la souveraineté du peuple et de l’esprit humain. Nous disons : La raison de l’humanité se développe par des phases successives ; à mesure que les siècles s’écoulent, plus d’hommes arrivent à l’intelligence des choses humaines ; le développement social doit suivre le développement intellectuel, et si l’homme est souverain par la science, le peuple le devient tous les jours par la même loi. La souveraineté du peuple n’est autre que la souveraineté de l’esprit humain répartie entre une majorité qui s’éclaire tous les jours et qui s’augmente en s’éclairant.

Et quelle est la conséquence, si ce n’est que les sociétés humaines ont le droit de se développer et de changer leurs formes extérieures, c’est-à-dire leurs gouvernemens ? car si les sociétés sont douées de la force d’agir et de se développer dans toutes les grandes directions de la nature humaine, évidemment elles en ont le droit.

Le droit humain de la société est donc supérieur à toutes les formes historiques ; il est supérieur parce qu’il est infini, il est infini parce qu’il est l’esprit même.

C’est donc dans un idéalisme vivant et social que nous puisons notre politique et notre méthode d’entendre l’histoire du genre humain. De même nos adversaires ont une source d’où ils tirent leurs prétentions et leurs maximes pour la restauration du passé ; comme nous, ils ont une doctrine une ; comme nous, un principe souverain.

Que signifie cette vaste publication sous le titre de Raison du christianisme, dans laquelle M. de Genoude se complaît à compulser et à recueillir tous les témoignages tracés par les écrivains en faveur du christianisme ? À cet éloge nous répondrions volontiers comme faisait Alcibiade à ce rhéteur qui entonnait le panégyrique d’Homère : Tu le loues ! eh ! qui le blâme ? Le christianisme est une belle et grande chose : eh ! bon Dieu ! qui le nie ? Qui, dans notre siècle, méconnaît les mérites et la beauté de la religion dont Jésus-Christ est le père ? Le passé du christianisme est glorieux ; mais est-il éternel comme la vérité absolue ? Voilà la question.

Les écrivains de la Gazette de France croient à l’éternelle divinité du christianisme, et voilà pourquoi ils veulent en faire le fondement de leur politique. Nous, au milieu de notre respect pour