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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 3.djvu/249

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DÉBATS SUR LE CHRISTIANISME.

Christ, et que l’autre la caractérise, en disant qu’elle est universelle. « Les méthodistes ont beau faire et beau dire, lisons-nous dans la Critique, leur distinction entre le christianisme et le catholicisme est puérile et ridicule. » Nullement : cette distinction est au contraire dans la nature des choses. Elle était née dans l’histoire long-temps avant le xve et le xvie siècle. Le christianisme est une idée pure, et le catholicisme un établissement politique. Comme idée, le christianisme peut être remplacé par une autre conception de l’humanité, mais il demeure supérieur aux manifestations historiques que jusqu’à présent anima son génie.

Le sentiment qui dirige les auteurs de la Critique est non-seulement la conviction de l’impuissance des idées chrétiennes et juives, et la nécessité de sortir du cercle tracé par la double tradition de Moïse et de Jésus-Christ : ils vont plus loin ; ils déclarent que la philosophie, quel que soit son nom, qu’elle s’appelle progressive ou éclectique, spiritualiste ou matérialiste, est incapable de devenir l’instrument efficace d’une vérité future.

Que reste-t-il donc aux auteurs de la Critique comme source de vérité ? La conscience. Certes, le guide est bon, mais il ne suffit pas. La conscience est l’instinct de l’homme et du genre humain, la voix secrète qui parle toujours et ne se laisse jamais étouffer, le démon de Socrate et de l’humanité, le cri du peuple et de Dieu ; la conscience est fatale, sublime, immortelle. Mais à côté de la conscience, il y a la science, réflexion de l’homme et de l’humanité, œil toujours ouvert et toujours pénétrant ; par la conscience, le genre humain devine et pressent ce qu’il ne sait pas ; par la science, il comprend ce qu’il a fait et ce qu’il doit faire encore. De l’union et de l’accord de la conscience et de la science peut sortir seulement la vérité nouvelle dont a soif le monde. Douter de la science, et se réfugier dans les instincts de la conscience, c’est méconnaître le point où est parvenu le genre humain. Que les auteurs de la Critique du christianisme y songent à deux fois avant de s’engager irrévocablement dans la méconnaissance de la science et de la philosophie. Ils ne trouveraient dans cette voie qu’erreur et stérilité.

La société est à la fois ancienne et nouvelle, et dans sa recherche d’une constitution meilleure et d’une religion plus vaste,