Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 3.djvu/261

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.



ÉRASME.

i.
Histoire de trois statues. — Dispute entre Rotterdam et Tergou.

Au centre de Rotterdam, sur un des ponts qui traversent ses innombrables canaux, s’élève une statue en bronze, posée sur un piédestal orné d’inscriptions et entouré d’un balustre de fer. Cette statue a dix pieds de hauteur ; elle fut fondue en 1622, et passe pour le chef-d’œuvre d’Henri de Keiser. Le personnage qu’elle représente, revêtu du costume ecclésiastique, couvert du tricorne, tient dans sa main droite un livre qu’il semble lire avec attention. Son visage, quoique allourdi par les énormes proportions d’une statuaire colossale, a conservé une expression douce et spirituelle ; son nez est relevé et pointu, ce qui est la marque d’un esprit railleur ; sa bouche, très grande, est rieuse et prudente ; on sent que la flamme d’une pensée prompte et brillante a dû briller dans ses yeux baissés, légèrement frisés par le coin, et dont le bronze n’a pu imiter que les contours. Cette statue rappelle un portrait d’Holbein, qu’on admire au Musée, quand la foire annuelle de peinture, que nous décorons du nom d’exposi-