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REVUE DES DEUX MONDES.

BARBERINE.

Celui qui sait aimer peut seul savoir combien on l’aime. Fais seller ton cheval ; pars seul, et toutes les fois que tu douteras de ta femme, pense que ta femme est assise à ta porte, qu’elle regarde la route, et qu’elle ne doute pas de toi.



Scène II.

Un banc devant un cabaret.
Le chevalier ULADISLAS et ROSEMBERG, assis.
ROSEMBERG.

Je ne connais rien de plus agréable, après qu’on a bien dîné, que de s’asseoir en plein air, avec des personnes d’esprit, et de causer librement des femmes sur un ton convenable.

LE CHEVALIER.

Vous allez à la cour du roi de Hongrie ?

ROSEMBERG.

Oui, seigneur ; c’est mon début.

LE CHEVALIER.

Ne doutez pas du succès, et vous en aurez. Pendant la dernière guerre que nous fîmes contre les Turcs, sous le vaïvode de Transilvanie, je rencontrai un soir, dans une forêt profonde, une jeune fille égarée.

ROSEMBERG.

Quel était le nom de la forêt ?

LE CHEVALIER.

C’était une certaine forêt sur les bords de la mer Caspienne.

ROSEMBERG.

Je ne la connais pas, même par les livres.

LE CHEVALIER.

Cette pauvre fille était attaquée par trois brigands couverts de fer depuis les pieds jusqu’à la tête, et montés sur des chevaux excellens.

ROSEMBERG.

À quel point vos paroles m’intéressent ! Je suis tout oreilles.

LE CHEVALIER.

Je mis pied à terre, et, tirant mon épée, je leur ordonnai de s’é-