Quel est cet autre jeune homme qui court par là en sautillant ?
Je ne le connais pas. C’est encore quelque nouveau venu. La libéralité du roi attire ici toutes ces mouches, qui sucent le miel de la faveur.
Celui-ci me paraît fine mouche, une vraie guêpe dans son corset rayé. Seigneur, nous vous saluons ; qui vous amène dans ce jardin ?
On me questionne de tous côtés, et je ne sais si je dois répondre. Toutes ces figures nouvelles, ces yeux écarquillés qui vous dévisagent, cela m’étourdit à un point !… (Haut.) Où est la reine, messieurs ? Je suis Astolphe de Rosemberg, et je désire lui être présenté.
La reine vient de se retirer ; si vous voulez lui parler, attendez son passage. Elle sortira dans une heure.
Diable ! cela est fâcheux.
Vous venez sans doute pour les fêtes ?
Est-ce qu’il y a des fêtes ? Quel bonheur ! Non, messieurs, je viens pour prendre du service.
Tout le monde en prend à cette heure.
Eh ! oui, c’est ce qui paraît. Beaucoup s’en mêlent, mais peu savent s’en tirer.
Vous en parlez avec sévérité.
Combien de hobereaux ne voyons-nous pas, qui ne méritent pas seulement qu’on en parle, et qui ne s’en donnent pas moins pour de grands capitaines ! On dirait, à les voir, qu’ils n’ont qu’à monter à cheval pour chasser les Turcs par-delà le Caucase, et ils sortent de quelque trou de la Bohême, commes des rats effarouchés.
Seigneur, je suis le comte Ulric, gentilhomme bohémien, et je trouve