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LA QUENOUILLE DE BARBERINE.

LE DEUXIÈME.

Quel est cet autre jeune homme qui court par là en sautillant ?

LE PREMIER.

Je ne le connais pas. C’est encore quelque nouveau venu. La libéralité du roi attire ici toutes ces mouches, qui sucent le miel de la faveur.

(Entre Rosemberg.)
LE DEUXIÈME.

Celui-ci me paraît fine mouche, une vraie guêpe dans son corset rayé. Seigneur, nous vous saluons ; qui vous amène dans ce jardin ?

ROSEMBERG, à part.

On me questionne de tous côtés, et je ne sais si je dois répondre. Toutes ces figures nouvelles, ces yeux écarquillés qui vous dévisagent, cela m’étourdit à un point !… (Haut.) Où est la reine, messieurs ? Je suis Astolphe de Rosemberg, et je désire lui être présenté.

PREMIER COURTISAN.

La reine vient de se retirer ; si vous voulez lui parler, attendez son passage. Elle sortira dans une heure.

ROSEMBERG.

Diable ! cela est fâcheux.

(Il s’asseoit sur un banc.)
DEUXIÈME COURTISAN.

Vous venez sans doute pour les fêtes ?

ROSEMBERG.

Est-ce qu’il y a des fêtes ? Quel bonheur ! Non, messieurs, je viens pour prendre du service.

PREMIER COURTISAN.

Tout le monde en prend à cette heure.

ROSEMBERG.

Eh ! oui, c’est ce qui paraît. Beaucoup s’en mêlent, mais peu savent s’en tirer.

DEUXIÈME COURTISAN.

Vous en parlez avec sévérité.

ROSEMBERG.

Combien de hobereaux ne voyons-nous pas, qui ne méritent pas seulement qu’on en parle, et qui ne s’en donnent pas moins pour de grands capitaines ! On dirait, à les voir, qu’ils n’ont qu’à monter à cheval pour chasser les Turcs par-delà le Caucase, et ils sortent de quelque trou de la Bohême, commes des rats effarouchés.

ULRIC, s’approchant.

Seigneur, je suis le comte Ulric, gentilhomme bohémien, et je trouve