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REVUE DES DEUX MONDES.

PREMIER CHEVALIER.

Non ; quelle espèce d’odeur ?

ULRIC.

Je ne sais trop ; comme du charbon éteint.

DEUXIÈME CHEVALIER.

Je ne m’en aperçois pas. Votre pari, cher comte, vous attirera une nouvelle gloire, en même temps qu’il donnera une leçon sévère à un jeune étourdi. Personne ici n’en doute.

ULRIC.

Ni moi, seigneur, comme vous pensez ; je n’en ai pas douté un instant depuis le départ de Rosemberg. C’est un fou, un écervelé.

PREMIER CHEVALIER.

L’enjeu n’est pas de peu d’importance.

ULRIC, regardant le miroir.

Assurément ce n’est pas là du blanc.

LE DEUXIÈME CHEVALIER.

Il n’y va pas moins, nous a-t-on dit, que de votre fortune entière. C’est une noble gageure, et qui fait autant d’honneur à votre comtesse qu’à vous-même.

PREMIER CHEVALIER.

Vous paraissez considérer ce miroir avec attention.

ULRIC.

Juste Dieu ! je n’en puis plus.

DEUXIÈME CHEVALIER.

Qu’avez-vous, seigneur ? qu’y a-t-il ? vous êtes pâle comme la mort.

ULRIC

Ce n’est rien ; une légère douleur ; j’y suis sujet depuis mon enfance.

PREMIER CHEVALIER

En vérité, cela est effrayant ; votre visage a changé tout à coup.

ULRIC

À cheval ! le clairon sonne. Allons, seigneurs, séparons-nous.

(Ils sortent.)