Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 3.djvu/378

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
Séparateur



31 juillet 1835.


« Louis-Philippe, roi des Français, à tous ceux qui ces présentes verront, salut.

« Français ! la garde nationale et l’armée sont en deuil ; un affreux spectacle a déchiré mon cœur. Un vieux guerrier, un vieil ami, épargné par le feu de cent batailles, est tombé à mes côtés, sous les coups que me destinaient des assassins. Ils n’ont pas craint, pour m’atteindre, d’immoler la gloire, l’honneur, le patriotisme, des citoyens paisibles, des femmes, des enfans ; et Paris a vu verser le sang des meilleurs Français aux mêmes lieux et le même jour où il coulait, il y a cinq ans, pour le maintien des lois du pays.

« Français, ceux que nous regrettons aujourd’hui sont tombés pour la même cause ! C’est encore la monarchie constitutionnelle, c’est la liberté légale, c’est l’honneur national, la sécurité des familles, le salut de tous, que menacent mes ennemis et les vôtres ! Mais la douleur publique, qui répond à la mienne, est à la fois un hommage éclatant de l’union de la France et de son roi. Mon gouvernement connaît ses devoirs, il les remplira. Cependant, que les fêtes qui devaient signaler la dernière de ces journées fassent place à des pompes plus conformes aux sentimens qui nous animent ; que de justes honneurs soient rendus à la mémoire de ceux que la patrie vient de perdre ; et que les voiles de deuil qui ombrageaient hier les trois couleurs soient de nouveau rattachés à ce drapeau, fidèle emblème de tous les sentimens du pays.

« Fait au palais des Tuileries, le 28 juillet 1835.

Louis-Philippe.
« Le président du conseil, ministre secrétaire d’état aux affaires étrangères,
V. Broglie. »