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REVUE. — CHRONIQUE.

persécution qu’on exercerait contre les hommes de ce parti, en cette circonstance, nous semblerait, à moins de preuves palpables, bien gratuite et bien cruelle. La damnable pensée qui a présidé à cette infernale machination nous paraît trop perverse pour n’être pas une vengeance. Puisque tous les partis s’accusent mutuellement de ce crime qu’on se rejette avec horreur, pourquoi le système rigoureux du ministère, ses longues violences, son refus de rien faire pour ramener personne à lui, pourquoi le terrible régime de ses prisons, pourquoi son mépris de l’espèce humaine, qui ne se laisse, hélas ! que trop facilement avilir, n’auraient-ils pas poussé le misérable à son action infâme ? Nous n’accuserons pas les ministres ; mais pourquoi la presse serait-elle coupable si le ministère ne l’est pas ? Est-ce la presse qui s’est opposée à l’amnistie que demandait le noble maréchal, première et déplorable victime de cet attentat inoui ? Est-ce la presse qui poussait M. Thiers à jeter des gérans de journaux sur la paille d’une charrette, et à les transférer dans un cachot éloigné, comme des galériens ? Nous sommes de ceux qui, dans un jury, eussent prononcé la condamnation de ces gérans, mais non de ceux qui les eussent outragés de la sorte. Oui, malheureusement, l’irritation est grande ; mais, Dieu merci, quelle que soit sa violence, elle n’a pas rabaissé les hommes au point de détruire en eux l’horreur des guet-à-pens et des assassinats ; et si dans cet instant funeste, le ministère profite de la terreur et de l’abattement de la nation pour toucher à la Charte de 1830 et aux droits qu’elle a consacrés, le réveil ne sera que plus prompt, et l’existence de ce cabinet, déjà ruiné tant de fois, ne sera que plus courte.


JUPITER, RECHERCHES SUR CE DIEU, SUR SON CULTE ET SUR LES MONUMENS QUI LE REPRÉSENTENT ; PAR M. ÉMERIC DAVID, DE L’INSTITUT[1].

Le savant auteur des Recherches sur l’Art statuaire a été naturellement amené à étudier le sens religieux des attributs qui décorent les statues antiques de la Grèce. Ces accessoires qui accompagnent les productions des arts et qu’on pourrait croire imaginés par le caprice seul des

  1. Debure, rue Serpente, 7.