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DES ARTS
EN HOLLANDE.

Le nom de la Hollande, il faut en convenir, s’allie difficilement dans l’esprit avec l’idée des arts. Les lagunes brumeuses où trône, les pieds dans l’eau, la dynastie des princes de Nassau et d’Orange, semblent, au premier coup d’œil, plus aptes à produire des marchands d’épices et des pêcheurs de harengs, que des Byron et des Raphaël. On est tenté de se demander comment un poète peut naître Hollandais ; comment il peut penser et écrire en hollandais. En France, nous ne connaissons guère la littérature hollandaise que par les inscriptions des bouteilles de curaçao et des tonneaux de genièvre envoyés de Dunkerque et du Havre. Les noms de Kats et de Vondel sont à peine venus à nos oreilles, et si Érasme et Grotius n’eussent troqué contre la langue latine l’idiome caillouteux, de leur vieille Niederland, nous ne serions pas plus familiarisés aujourd’hui avec le livre célèbre de Jure pacis et belli, l’Éloge de la folie et les Colloques, que nous ne le sommes avec Gisbert d’Amstel, Palamède et la Magnificence de Salomon.