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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 3.djvu/431

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ÉRASME.

de l’égalité humaine ; d’autre part, les impressions d’une enfance confisquée au sacerdoce et qui en avait gardé l’empreinte, malgré la révolte de l’homme mûr ; l’immense pouvoir matériel fondé sur ce dogme ; la polémique, où, à force d’aller, pour les nécessités du discours, au-delà de sa vraie croyance, on finit par perdre chaque jour un peu de ses doutes, et par devenir croyant par amour-propre ; ses relations avec les rois et les papes, et l’honneur d’une foi commune ; toutes ces choses devaient le faire plus pencher vers le catholicisme que vers le protestantisme, et, puisqu’il fallait mourir dans l’une ou l’autre croyance, lui faire préférer les incertaines mais vieilles garanties du catholicisme aux promesses d’hier du protestantisme. Mais au fond, il n’appartint jamais qu’à lui-même ; il put se rapprocher tantôt d’un parti, tantôt de l’autre, selon qu’il en espérait davantage pour la tolérance et les lettres ; mais il resta l’homme de toutes les choses durables que les passions humaines avaient cachées sous des formules devenues des cris de guerre ; et Dieu, en lui inspirant le mot sublime de philosophie chrétienne, se plut à faire réfléchir à sa belle et douce intelligence une de ces vérités qui ont encore de la vie plusieurs siècles après qu’elles ont été proclamées !


Nisard.


(La fin au prochain numéro.)