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DES ARTS EN HOLLANDE.

Londres, et qui finit le cours de ses galanteries par devenir un bon gros bourgmestre à Deventer.

Le musée d’Amsterdam expose pour sa part quatre Paul Potter dont l’un est un chef-d’œuvre. C’est celui qui représente un bœuf brun groupé au premier plan avec un bouc, une génisse, un bélier, deux brebis et un agneau. Contre un arbre, une femme allaitant un enfant, et un berger jouant de la cornemuse ; au milieu, un cheval, un bœuf et un âne ; à la gauche, une colline boisée que gravit un troupeau de moutons. Un ciel brumeux, empreint de toute la mélancolie du jeune artiste, couronne heureusement le paysage.

Brauwer, David Teniers et Adrien Van Ostade composent une autre famille de peintres aussi heureux dans la reproduction des scènes de cabaret que Dow, Terburg, Mieris et Metzu le furent dans les sujets de salon et de chambre à coucher. Brauwer et Ostade étudièrent tous deux à Harlem, chez François Hals, et le célèbre Flamand Teniers se forma dans l’atelier de Brauwer. La parenté de leurs ouvrages se trouve donc expliquée par ce seul fait biographique. Chacun d’eux sut cependant s’approprier un style particulier, tout en traitant les mêmes sujets que les deux autres. Nous regrettons sincèrement que le musée d’Amsterdam ne possède qu’un seul tableau de Brauwer ; il en compte quatre de David Teniers et deux d’Adrien Van Ostade.

Il est à remarquer que François Hals, qui se trouve par hasard l’instituteur des maîtres de cette école, était un peintre de portraits assez célèbre de son temps, depuis éclipsé par Van Dyck. Le jour, il pratiquait de la belle et sage peinture, pleine de tenue et de dignité ; la nuit, il la passait dans les orgies des tavernes les plus crapuleuses. Ce fut en imitant ses mœurs, plutôt que ses ouvrages, que les élèves de Hals devinrent des maîtres eux-mêmes. Teniers et Van Ostade surent s’abstenir, dans leur vie réelle, des goûts et des habitudes que leur génie les portait à observer. Teniers devint même un homme de cour, honoré de la protection spéciale de l’archiduc Léopold, du roi d’Espagne et de don Juan d’Autriche, qui étudia la peinture d’après ses leçons. Mais Brauwer prit la chose au sérieux, et il mourut dans l’impénitence finale de l’ivrognerie. La collection de ses œuvres, représentant d’un bout jusqu’à