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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 3.djvu/675

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LE PARLEMENT ANGLAIS.

Les ministres ne sont pas sans profiter aussi de ce voisinage. Comme ils n’ont d’entrées officielles que dans la chambre à laquelle ils appartiennent, s’il arrive que le combat s’engage à la fois sur les deux champs de bataille, le double état-major du cabinet peut au moins s’expédier de seconde en seconde des courriers et régler ses opérations d’après les nouvelles reçues.

Grâce à cette proximité, plus d’une fois les bruits seuls de l’assemblée populaire ont soudainement fait pâlir l’assemblée aristocratique sur ses siéges. Tandis que la coalition fanatique des pairs temporels et spirituels escaladait le banc intrépidement défendu, mais mal fortifié, de lord Melbourne, plus d’une fois la grande voix tonnante des communes est venue ralentir la furie des assaillans et encourager la résistance des assiégés. — C’était souvent le cri de victoire des réformistes menés par lord John Russel qui achevait de mettre en déroute les conservateurs vaincus de sir Robert Peel.

Mais il faut vous décrire le second théâtre de notre guerre politique.

Cette chambre des lords a la forme d’un carré long comme celle des communes. La disposition générale des banquettes est pareille ; mais la décoration a plus d’apparence éclatante. De l’unique galerie commune au public et aux journalistes, vous avez vis-à-vis de vous le trône. Ce n’est pas, comme en France, un meuble qu’on place une fois l’an le jour de la session. Ici le trône est inamovible. Il est l’éternel premier président.

Au-dessous s’étend en travers le célèbre sac de laine, le siége du président réel de l’assemblée. La coutume veut effectivement que ce soit une sorte de sac, une banquette sans dossier.

Le bureau des greffiers est séparé du sac de laine par deux banquettes où deux places sont réservées aux masters in chancery, — les messagers officiels de la chambre.

Étoffes et draperies du trône, tentures des murailles, tapis, portières, banquettes, coussins et dossiers, tout est rouge dans cette salle. Le rouge est la couleur patricienne. Quand les pairs siégent là, aux séances royales, en grande livrée, avec leurs manteaux rouges, tout cela forme un ensemble qui éblouit plus qu’il n’impose. L’aspect des communes, debout à la barre, en leurs simples habits de ville, offre alors un contraste saisissant. On sourit malgré soi en se disant que ce ne sont pas les maîtres qui portent les vêtemens de pourpre.

Cette salle, où se rassemblent provisoirement les pairs, fut jadis la chambre à coucher d’Édouard-le-Confesseur. On comprendra que