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si les quatre cent trente lords actuels s’y voulaient réunir à la fois, elle les contiendrait malaisément ; mais cette fantaisie ne les prend guère. C’est une grande occasion que celle qui groupe une assistance de deux cents membres. Les pairs jouissent d’un singulier privilége qui les dispense presque de la résidence législative. Ils peuvent voter par procureur. Ainsi, l’un d’eux se mettant en route afin d’aller faire son tour d’Europe, laissera, s’il lui plaît, son mandat à un sien confrère de son parti, et le mandataire en usera tant qu’il voudra, quand il voudra, comme il voudra, sauf dans les divisions de comité. Le consentement royal rendait seul autrefois ces procurations valables. On ne le demande même plus aujourd’hui. À l’heure qu’il est, le duc de Wellington, par exemple, a sa pleine poche de votes tories.

Les pairs qui viennent aux séances trouvent la salle temporaire qu’ils occupent fort étroite et incommode. Le gouvernement, qui leur en bâtit une nouvelle, les a consultés sur les dimensions, et il a été arrêté qu’elle ne serait ni trop grande ni trop petite. Il ne s’agit pas de la construire comme si la totalité des lords s’y pouvait rassembler. Cette hypothèse n’a point même été posée. On ne se souvient pas que jamais l’assemblée ait été plus nombreuse que lors du vote de l’amendement capital tenté contre la réforme parlementaire, le 7 mai 1832. Ce jour-là il y eut deux cent soixante-sept membres présens. On part de là : il sera alloué à chacun un espace de trois pieds carrés. On voit que les nobles lords sont partagés entre le désir d’être assis confortablement et la crainte d’avoir un trop vaste appartement où pourrait être un beau jour logée quelque fournée d’intrus.

Un mot sur la constitution de la chambre. Rien de plus divers que les élémens qui la composent. Elle a d’abord ses pairies héréditaires par ordre de primogéniture : ce sont les pairies anglaises, incomparablement les plus nombreuses ; ensuite les pairies écossaises et irlandaises, qui sont électives selon deux modes différens. Les pairs écossais sont nommés pour la durée d’un parlement ; les pairs irlandais à vie. Puis il y a en outre les pairs ecclésiastiques, archevêques et évêques, anglais ou irlandais, qui siégent, les uns de plein droit et à vie aussi ; les autres annuellement, à tour de rôle, quatre par quatre. Lorsqu’il s’agira de refondre et de reformer cette chambre, le principe d’élection s’y trouvera donc tout établi et sous toutes les formes.

Chez nous, la pairie forme la seule noblesse titrée réelle. On n’a point de titre légal si l’on n’est pair. Les fils d’un pair ne sont point autorisés à prendre dans un acte public de titres nobiliaires. Les aînés eux-mêmes ne sont lords que du consentement du monde et par sa cour-