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LE PARLEMENT ANGLAIS.

lui, c’est l’assemblée seule qui a le droit d’accorder ou de retirer la parole ; c’est elle seule qui fait toute sa police intérieure.

La raison évidente de cette différence entre les pouvoirs des deux speakers, c’est que l’un est l’élu de la puissance extérieure, du trône ; l’autre celui de la chambre même qu’il préside.

C’est à cinq heures que le président des lords paraît au sac de laine, escorté de l’huissier de la verge noire et du massier. Les prières sont dites par un évêque. Il suffit qu’il y ait trois pairs présens pour que le speaker puisse ouvrir la séance ; ainsi, trois lords constituent une chambre des lords. Deux de leurs voix rejetteraient légalement un bill qu’auraient unanimement voté les six cent cinquante-quatre délégués du peuple !

Il n’est pas rare de voir la noble chambre réduite à cette trinité législative. Je ne vous la veux pas, bien entendu, montrer dans cette solitude qui la fait ressembler, avec ses banquettes rouges désertes, à un nécessaire dont les compartimens sont vides. Supposons quelque grave question à l’ordre du jour : ce sera celle que vous voudrez, peu importe. Mais la salle est comble ; le meilleur nombre des notabilités de la pairie est à son poste.

Que si vous promenez maintenant votre regard sur ces nombreuses têtes serrées que nous dominons, il en est plusieurs au centre même de la salle qui vont exciter votre attention, ainsi que feraient les principales coupoles d’une grande ville que vous contempleriez du haut d’une tour.

Ce sont d’abord sur le premier plan les trois perruques rondes à marteaux des trois clercks de la chambre, qui vous tournent le dos, assis qu’ils sont à leur table, et vis-à-vis d’elles, vous tournant au contraire leurs faces, les trois chefs nus et dépouillés de lord Rolle, du marquis de Wellesley et de lord Holland ; plus loin les deux longues perruques à crinière des masters in chancery, et enfin, à l’horizon, sous les crépines d’or du trône, la perruque officielle et principale du speaker, qui se dresse majestueuse comme la flèche de la cathédrale parmi tous les clochers de la Cité.

Que cette perruque suréminente soit donc notre point de départ ; orientons-nous d’après elle pour parcourir les divers quartiers de la chambre, de même que nous nous guiderions sur le dôme Saint-Paul si nous voulions explorer Londres.

Ce n’est point un chancelier qui porte aujourd’hui le fardeau de la coiffure présidentale. Le grand sceau est en commission. Celui qui figure avec tant de noble aisance sur le sac de laine, c’est lord Den-