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nous rapidement au pas de charge quelques-unes de ses récentes séances ; ce sera le défilé et la conclusion de notre revue.

Prenons la question capitale de la session. Ce bill des corporations que je vous ai montré introduit aux communes, mettons-le entre les mains des lords ; voyons leurs seigneuries à l’œuvre, et comment elles traitent une mesure populaire.

Ne le dissimulons pas. Depuis la réforme parlementaire, cette réforme des municipalités est le plus rude coup de bélier donné dans les murs de la chambre haute ; c’est un commencement de démolition. Détruire l’hérédité des corporations, qui étaient de petites pairies de bas étage, c’est frapper à leur base les législateurs héréditaires eux-mêmes.

Donc c’est la guerre à mort que déclare aux pairs lord John Russel, quand, le 21 juillet, il vient en personne apporter à leur barre ce bill unanimement voté la veille par les communes. Que feront-ils dans ce cercle étroit où le peuple les enferme ? Secoueront-ils leur robe de pourpre et diront-ils : « Eh bien ! la guerre à mort. » Non pas. Ils ne sont ni tout-à-fait prudens, ni tout-à-fait téméraires. À l’hostilité franche ils opposeront la défense obscure des stratagèmes. Le bill est admis courtoisement aux honneurs d’une première lecture ; on le dépose sans mot dire sur la table des greffiers. Oh ! tandis qu’il est étendu là, que n’ose-t-on l’étouffer tout d’abord en famille, ou bien le déchirer, et chacun emporter un de ses débris sous le manteau patricien ! Mais que dirait-on aux communes, qui demanderaient : « Qu’avez-vous fait de notre bill ? » Patience, on avisera. Peut-être aura-t-on la vaillance de le tuer à sa seconde lecture. Pas davantage. Pourtant on n’est nullement résolu de le laisser vivre. Au moins on gagnera du temps ; on allonge tant qu’on peut la courroie. Les corporations ont été conviées à solliciter de partout leur maintien et à requérir d’être défendues devant la pairie.

Première séance dans laquelle la majorité décide que les avocats seront entendus.

Le lendemain, les avocats sont sur la brèche. Ce sont justement les hommes que requiert la besogne, de vigoureux tories éprouvés et rompus au fanatisme politique. Le principal, le plus habile, sir Charles Wetherel, a en outre le mérite d’une irréprochable consistance. Il y a quatre ans, il refusa les sceaux, et résigna même les fonctions d’attorney general, de peur de tremper dans l’émancipation des catholiques.

Durant les plaidoyers, la salle a changé d’aspect. Afin de mieux écouter, les lords se sont transportés en masse vers la barre. Le duc de