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TALLEMANT DES RÉAUX.

imprimées et manuscrites que l’on a conservées ou que chaque jour on découvre.

Gédéon Tallemant des Réaux, auteur des Historiettes, n’était pas resté jusqu’à présent tout-à-fait inconnu ; l’abbé de Marolles en a parlé comme d’un homme d’un esprit distingué : « M. des Réaux et l’abbé Tallemant, son frère, qui ont l’esprit si poli et si délicat[1]… » Dans un autre endroit, le même écrivain place des Réaux au nombre des Français qui réussissaient dans le genre de l’épigramme[2]. Ce témoignage, s’il était solitaire, ne suffirait pas pour établir la réputation de Tallemant des Réaux ; on sait que le bon abbé de Villeloin, mauvais traducteur de presque tous les poètes latins, accordait facilement ses éloges, et qu’il en était surtout prodigue pour les personnes qu’il connaissait. Il suffit en ce moment de montrer que des Réaux, connu avec quelque avantage, était mis au nombre des hommes d’esprit de son temps.

Quelques petites pièces, échappées à sa muse, se font remarquer par la délicatesse de l’expression. Il fait partie de cette pléiade de poètes qui se réunirent au marquis de Montausier pour chanter Julie d’Angennes, cette reine des précieuses, dont des Réaux devait plus tard devenir l’historien. Son madrigal sur le lis est une des fleurs dont se compose la Guirlande de Julie. Il doit tenir ici sa place, quoique déjà cité ailleurs[3].


Devant vous je perds la victoire
Que ma blancheur me fit donner,
Et ne prétends plus d’autre gloire
Que celle de vous couronner.

  1. Mémoires de Marolles, pag. 438 de l’éd. in folio, et tom.  ier, p. 335, de l’éd. in-12. On y lit : Messieurs des Ruaux (éd. in-folio). Messieurs des Réaux (éd. in-12). C’est une erreur que la suite de la phrase rectifie d’elle-même.
  2. « Pour les épigrammes françaises, nous avons des auteurs à qui nos voisins ne sçauraient contester les avantages de la primauté… Feu M. Maynard, M. de Bautru… M. de Gombauld… M. de Racan… M. Colletet… M. l’abbé Tallemant, qui tourne ses pensées si délicatement, M. des Réaux, son frère, M. l’abbé de Boisrobert, etc. (Mémoires de Marolles, 2e  partie de l’éd. in-folio, pag. 246.)
  3. Mémoires de Tallemant des Réaux, tom. ii, pag. 242. La pièce est signée, dans la Guirlande, du nom de des Réaux Tallemant. Il a semblé convenable de réunir ici le peu de vers de des Réaux que l’on a conservés.