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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 3.djvu/724

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REVUE DES DEUX MONDES.

Tallemant perdit Patru le 16 janvier 1681, et il composa pour lui cette épitaphe :


Le célèbre Patru sous ce marbre repose ;
Toujours comme un oracle il s’est vu consulter
Soit sur les vers, soit sur la prose.
Il sut jeunes et vieux au travail exciter ;
C’est à lui qu’ils devront la gloire
De voir leur nom gravé au temple de mémoire.
Tel esprit qui brille aujourd’hui
N’eût eu sans ses avis que lumières confuses,
Et l’on n’auroit besoin d’Apollon ni des Muses,
Si l’on avoit toujours des hommes comme lui[1].


Cette épitaphe de Patru, publiée par le père Bouhours, a été réimprimée partout, et particulièrement à la suite de la notice qui est en tête des œuvres de Patru ; mais en voici une autre qui sent son esprit fort ; nous l’avons trouvée dans les manuscrits de Tallemant des Réaux[2]. Elle y est écrite de sa main.


Cy gist le célèbre Patru,
De qui le mérite a paru
Toujours au-dessus de l’envie ;
Il a savamment discouru,
Mais peu de la seconde vie ;
Heureux s’il n’a trouvé que ce qu’il en a cru !


Tallemant était aussi très étroitement lié avec Perrot d’Ablancourt, auteur de tant de traductions qu’on ne lit plus, et que de son temps on appelait les belles infidèles. Il lui a consacré un assez long article de ses Mémoires, et à sa mort, arrivée au mois de novembre 1664, il composa cette épitaphe dont nous devons encore la conservation au père Bouhours :


L’illustre d’Ablancourt repose en ce tombeau,
Son génie, à son siècle, a servi de flambeau :

  1. Recueil de vers choisis, Paris, 1693, in-12, pag. 170. On voit à la table que cette pièce est de des Réaux.
  2. Portefeuille de pièces manuscrites rassemblées par Tallemant des Réaux, bibliothèque de M. Monmerqué.